La France à l’heure américaine ! Pour la 3ème fois depuis 2020, ce mois de janvier 2024 verra la NBA débarquer à Paris pour un match de saison régulière. Retour sur les deux premières éditions, auxquelles j’ai eu la chance d’assister.
En octobre 2016, je soulignais dans un article publié sur ce blog que la NBA semblait avoir oublié la France puisqu’aucun match – y compris en pré-saison – n’y avait été organisé depuis 2010. Des rencontres de gala y avaient pourtant eu lieu plutôt régulièrement depuis 1990, généralement à Paris mais aussi à Lyon en octobre 2006 à l’occasion d’une opposition entre les deux clubs chers à Tony Parker, les San Antonio Spurs et l’ASVEL Lyon-Villeurbanne.
Trois ans après mon article, en 2019, la NBA et la chaîne beIN Sports nous apprenaient la grande nouvelle : un match de saison régulière serait organisé à Paris en janvier 2020 pour la première fois de l’histoire ! L’affiche ? Charlotte Hornets – Milwaukee Bucks. Paris succédait ainsi à Londres comme ville hôte du match délocalisé en Europe, la capitale anglaise ayant eu cet honneur à 9 reprises entre 2011 et 2019.
Kenny Smith, beIN Sports, George Eddy… grands moments avant le grand match !
La NBA et beIN Sports avaient mis le paquet pour promouvoir ce grand événement. Le 24 septembre 2019, les principales figures de la chaîne se réunissaient en effet dans un grand restaurant parisien pour une conférence de presse présentant les grands moments de la saison 2019/2020, avec le NBA Paris Game comme point culminant pour les fans français.
Les journalistes et consultants étaient accompagnés du mythique trophée Larry O’Brien, remis chaque saison à la franchise remportant le titre NBA, mais aussi par un grand nom des années 1990, Kenny Smith, double champion avec les Houston Rockets en 1994 et 1995 et consultant vedette de la chaîne TNT depuis 1998.
Membre à l’époque de l’équipe de rédaction du site basketretro.fr, j’avais le privilège de participer à cet événement privé. L’occasion d’échanger avec les journalistes mais aussi de poser une question à Kenny Smith. Vous pouvez lire mon compte-rendu de ce moment sur le site internet de Basket Rétro.
J’en profite pour saluer Alex et Bastien du média Trashtalk, tous les deux très sympathiques et abordables.
C’est aussi pour le compte de Basket Rétro que j’eus l’opportunité en janvier 2020, quelques jours avant le fameux match, de réaliser une première interview avec Monsieur George Eddy, la voix du basket en France. Vous pouvez lire cet entretien en cliquant ici. J’ai par la suite pu interroger George Eddy une seconde fois, entretien audio que vous pouvez écouter en cliquant ici.
Difficile de rêver mieux pour un fan français de NBA. Sur la 4ème de couverture de mon premier livre, L’Opéra du Peuple, Le stade comme école de vie, je révélais en effet que George Eddy faisait partie de mes deux modèles d’enfance du journalisme sportif, le second étant Thierry Roland.
Une grande première sous les yeux du GOAT
Charlotte Hornets – Milwaukee Bucks. Voilà donc l’affiche que proposait la NBA pour le tout premier match de saison régulière organisé sur le sol français, programmé le 24 janvier 2020.
Ce fut la croix et la bannière pour obtenir un billet et c’est finalement quelques petites semaines avant le match que je me procurais le mien en allant un chouilla au-delà du budget que je m’étais accordé. Difficile de louper ce moment que j’attendais tant, d’autant plus qu’il était probable que Michael Jordan en personne, propriétaire des Charlotte Hornets, fasse une apparition.
Si je venais seul à l’Accor Arena, je n’allais pas m’ennuyer puisque je passerai quasiment l’intégralité du match à échanger avec mon voisin, lui aussi venu en solitaire et lui aussi passionné par la NBA et son histoire. Grâce au zoom de mon appareil photo, nous regardions ensemble les quelques légendes du basket venues à Paris pour ce match, notamment Kareem Abdul-Jabbar. Tony Parler était là également, quelques mois après avoir pris sa retraite, et recevait un hommage mérité du public français. David Stern, « patron » de la ligue pendant plusieurs décennies et décédé quelques semaines auparavant était lui aussi honoré.
Mais où était Michael ? Pas d’apparition sur le parquet à l’image des autres légendes mais, grâce à mon appareil photo décidément très efficace, je pouvais le repérer dans une loge VIP de l’Accor Arena.
Une autre légende était elle en tenue, portant un maillot des Milwaukee Bucks. Je parle bien sûr de Giánnis Antetokoúnmpo, qui n’avait pas encore obtenu de titre de champion à l’époque (les Bucks l’emporteront en 2021) mais qui était tout simplement MVP en titre et allait obtenir un second trophée successif au printemps 2020.
Largement favoris, les Bucks pouvaient compter sur leur star dès les premiers instants du match, Giannis inscrivant les 2 premiers points de son équipe sur un dunk ravageur, mais les Hornets faisaient plus que de la résistance en menant au score à la mi-temps et en étant encore à égalité après 3 quarts temps.
Malik Monk, décevant depuis sa draft par Charlotte en 2017 et logiquement devenu remplaçant, faisait le match de sa vie en inscrivant 31 points en sortie de banc. Notons aussi la titularisation pour ce NBA Paris Game du Français Nicolas Batum, pourtant en difficulté cette-saison là chez les Hornets.
Le 4ème quart-temps allait toutefois voir Milwaukee hausser le ton et infliger un sévère 38-25 à son adversaire, permettant aux Bucks d'emporter la rencontre sur le score de 116 à 103. Si Malik Monk terminait meilleur marqueur du match, Giannis en était clairement le MVP avec 30 points à 13/19 au tir, 16 rebonds et 6 passes décisives. A titre personnel, j'étais ravi de voir son coéquipier Kyle Korver de mes propres yeux. Le vétéran, désormais à la retraite, était une référence du tir à 3 points mais avait surtout porté les couleurs des Chicago Bulls aux côtés de Derrick Rose pendant deux saisons, entre 2010 et 2012, époque où je pouvais encore plus ou moins me permettre de regarder tous les matchs en direct en pleine nuit (au prix de quelques désagrément scolaires, certes).
Si, comme je le disais, l’obtention d’un billet fut difficile et onéreux, je ne regrettais absolument pas cette formidable soirée.
Mon sourire comme celui de tous les fans de NBA de la planète allait pourtant s’effacer deux jours plus tard, lorsque l’on apprendrait l’accident tragique de Kobe Bryant… Si l’événement n’est pas lié directement au match de Paris, sa proximité dans le temps l’y associe logiquement. En 48 heures, nous sommes passés du rire aux larmes.
Les Bulls à Paris : immanquable !
Le soir-même du match entre les Bucks et les Hornets, un second « NBA Paris Game » avait été annoncé pour janvier 2021. Problème : le COVID allait pointer le bout de son nez quelques semaines plus tard et bouleverser le monde entier.
Il fallut attendre 3 longues années pour que les choses rentrent dans l’ordre. Mais quel retour !
Nous apprenions en effet que le NBA Paris Game 2023 opposerait les Detroit Pistons aux...Chicago Bulls ! Et oui, « mes » Bulls, ceux que je soutiens depuis toujours, que j’étais allé voir à Chicago en 2017 !
Absolument formidable, absolument Immanquable !
Hélas, les difficultés rencontrées en 2020 pour obtenir un ticket allaient se reproduire. Impossible d’en acheter lors de la mise en vente officielle, la demande est beaucoup trop forte et les quelques places restantes sont hors de prix. S’il faut débourser 500 euros ou plus pour assister au match, autant prendre un billet d’avion pour les Etats-Unis !
Je ne renonce toutefois pas si facilement et je suis qui plus est régulièrement titillé par les bandes annonces du match diffusées sur Canal+ avec la voix de Monsieur George Eddy. En effet, si beIN Sports est le diffuseur exclusif de la NBA en France, Canal+ a les droits pour ce match particulier.
J’arpente les sites de revente sécurisés quotidiennement et, miracle, je mets la main sur un précieux sésame quelques jours avant le match. C’est un soulagement et une grande joie, six ans après mon voyage à Chicago, je vais revoir les Bulls de mes propres yeux !
Le 19 janvier 2023 sera un grand jour pour moi. Malheureusement, ce sera aussi un jour de grève dans les transports parisiens ! Au programme donc, beaucoup de marche pour rallier mes différentes étapes de la journée. Après un petit restaurant entre amis, je me rendais au « NBA House », un lieu aménagé par la NBA pour fêter la venue des Bulls et des Pistons à Paris, avec de nombreuses animations, des petites expositions et quelques invités. Notons que le tout est entièrement gratuit.
C’est dans la file d’attente que je rencontre Clément, que je connais via Twitter depuis de longues années mais que je n’avais jamais l’occasion de croiser « IRL ». Il est l’animateur du compte @FrenchBullsFan, du site https://chicagobulls6fr.wordpress.com/ et de la chaîne YouTube French Bulls TV. Immense passionné et très sympathique, il a toutefois le défaut de supporter l’Olympique de Marseille. Personne n’est parfait ! Je suis quoi qu’il en soit très heureux de faire réellement sa connaissance et nous admirons ensemble les six trophées remportés par nos Bulls durant les années 90 ainsi que quelques autres "reliques" exposés dans cette « NBA House ».
C’est aussi dans ce lieu magique que je tombe nez à nez avec un géant, une légende des Bulls des années 2010, Monsieur Joakim Noah ! Entouré de gardes du corps et sollicité par tous les fans, il prend quand même le temps de faire un petit selfie avec moi.
Ce très beau moment passé au NBA House me donne l’énergie nécessaire pour faire la longue marche jusqu’à l’Accor Arena, d’autant plus que le froid et la pluie sont également au rendez-vous. J’en paierai le prix en rentrant chez moi avec quinze jours d’une crève intense mais cela valait la peine ! Cela ferait aussi un rappel « amusant » de mon voyage à Chicago puisque j’étais revenu de l’Illinois avec une pneumonie. Et oui, il fait très froid dans le coin au mois de mars !
Revenons donc à Paris et à l’Accor Arena. Les maillots des Bulls sont les plus nombreux dans les gradins. De Jordan à LaVine en passant par Rose et Butler, les flocages démontrent que les fans proviennent de diverses générations. De mon côté, j’ai opté pour un jersey au nom de Kirk Hinrich, mon « chouchou » !
La mythique introduction des Bulls fait frissonner la salle. Jugez plutôt.
Malgré une première partie de saison décevante, les Bulls sont nettement favoris face à des Pistons qui plus est privés de leur jeune star, Cade Cunningham.
Côté Chicago, tout le monde est présent hormis Lonzo Ball, blessé de longue durée.
Contrairement au match de 2020 entre Bucks et Hornets, il n’y aura jamais vraiment de suspens, les Bulls prennent rapidement les devants et, s’ils ne créent jamais d’écart immense, ils ne sont pas non plus inquiétés par leurs adversaires du soir.
Derrick Jones Jr nous offre les plus belles actions de la soirée, notamment un alley-oop servi par le meneur slovène Goran Dragic.
Les trois leaders de l’équipe répondent présents. DeMar DeRozan inscrit 26 points (+ 9 rebonds, 5 passes et 2 interceptions), Nikola Vucevic marque 16 points et prend 15 rebonds tandis que Zach LaVine termine meilleur marqueur avec 30 points. Les jeunes et les role players s'offrent tous des stats sympathiques. Mon joueur favori, Alex Caruso, est fidèle à lui-même avec seulement 2 points mais une activité intense et précieuse (4 interceptions, 3 contres, 3 passes décisives, 3 rebonds).
Ce n’est pas un match qui restera dans les annales du basket mais c’est une journée qui restera dans les mémoires pour les fans français des Chicago Bulls.
Cerise sur le gâteau, nous avons eu pendant les temps morts la chance d’applaudir quelques grands noms de la NBA, à commencer par Magic Johnson. Après Michael Jordan et Kareem Abdul-Jabbar en 2020, voilà encore l’un des meilleurs joueurs de tous les temps à passer par Paris !
A ses côtés, plusieurs noms bien connus des Bulls et des Pistons, mais pas uniquement. Citons Ben Wallace, Luol Deng, Richard « Rip » Hamilton, Joakim Noah, BJ Armstrong, Tony Parker, Ronny Turiaf, Mickaël Pietrus…
La NBA n’oublie pas son histoire et c’est un aspect que j’apprécie beaucoup, dont le football devrait davantage s’inspirer.
Pour boucler cette belle aventure personnelle des NBA Paris Games, j'ai eu l'honneur d'être interrogé par le journaliste Gaby Gabillet du magazine culte 5 Majeur, un titre que je connais depuis presque aussi longtemps que je suis la NBA. Dans son article publié dans le n°312 (février 2023), il recueillait en effet le témoignage de plusieurs fans français après la venue des Bulls. L'occasion pour moi de raconter les grands moments de cette journée mais aussi de toucher deux mots sur...le RC Lens. Oui, il y a toujours une raison de parler du Racing ! Pour savoir laquelle, il faudra vous procurer le magazine, toujours disponible en ligne sur le site de l'éditeur.
Et maintenant ?
Même si la tentation est grande, quelques places étant encore disponibles à un prix tout à fait raisonnable, je n’assisterai à priori pas au NBA Paris Game 2024 prévu le 11 janvier et qui opposera les Brooklyn Nets aux Cleveland Cavaliers. L’arrivée récente d’un deuxième enfant entraîne quelques sacrifices bien légitimes !
J’invite cependant ceux qui hésitent à franchir le pas : quel que soit le scénario du match, vous passerez très certainement un très bon moment !
La NBA n'a pas été en veine cette fois-ci, plusieurs joueurs majeurs des deux franchises étant sur la touche pour cette édition 2024, j'espère toutefois qu'elle n'hésitera pas à revenir à Paris dès l'année prochaine. Et pourquoi pas avec les Spurs de Wembanyama ?
See you soon !
Alexandre
Crédit photos : Alexandre Taillez. Reproductions interdites.