Kobe Bryant est mort. En écrivant ces quelques mots, je ne parviens toujours pas à croire à cette information arrivée soudainement lors de la soirée du dimanche 26 janvier. Comme tout amoureux de la NBA, il fallait que j’essaye d’écrire quelques lignes en guise de thérapie et pour rendre hommage à celui qui fut le héros de toute une génération…
Oncle Kobe
Chaque fois qu’une « célébrité » perd la vie, on peut lire un torrent de remarques malveillantes sur les réseaux sociaux. Au sujet de la personne décédée mais aussi envers ceux qui déplorent son décès. Il est également mal vu d’évoquer des souvenirs personnels, ce serait « égoïste », « autocentré » voire « malsain ».
Pourtant, il me semble qu’il n’existe pas de plus grand honneur pour un sportif, un acteur ou un chanteur que d’être considéré comme un ami ou un oncle par un inconnu. Cela démontre qu’il a dépassé son rôle initial de manière positive et marqué les esprits. Cela l’humanise, il ne s’agit plus uniquement d’un personnage lointain vu et revu à la télévision. Cela signifie que cet artiste ou ce champion était apprécié, aimé, respecté, et, comme lorsqu’un proche parent décède, que ceux qui l’ont suivi souhaitent se rappeler des moments passés en sa compagnie.
Mamba Mentality
Kobe Bryant est arrivé en NBA en 1996 et y a joué durant vingt ans. Une carrière longue et pleine de trophées individuels et collectifs, mais aussi marquée par un état d’esprit ayant inspiré ses coéquipiers, ses adversaires et les plus jeunes joueurs.
Les fans, quant-à eux, l’ont vu grandir, évoluer, perdre, gagner, perdre à nouveau puis gagner encore, se blesser, se soigner. Du premier au dernier jour, ils l’ont vu se battre.
Ce fut le cas le 12 avril 2013, lorsqu’il tira deux lancers francs juste après s’être déchiré le tendon d’Achille, une blessure pourtant très grave dont il reviendra. Même chose le 14 avril 2016 lors de son dernier match, lorsqu’il marqua la bagatelle de 60 points et permit à ses Lakers de remonter un retard de dix points dans les deux dernières minutes, à bout de force, au bout de lui-même.
Le rêve de 2007
Kobe, c’est aussi le joueur présent sur la couverture de l’un des tous premiers magazines que j’ai acheté, le numéro 96 de « MVP Basket » paru au mois de mars 2006.
A ce moment-là, le « Black Mamba » vivait une saison très particulière, décevante sur le plan collectif mais extraordinaire sur le plan individuel. Quelques semaines plus tôt, il avait notamment inscrit 81 points face aux Toronto Raptors, soit le deuxième total le plus élevé de l’histoire après les 100 points marqués par Wilt Chamberlain le 2 mars 1962.
Mais, un peu moins de deux après le départ de Shaquille O’Neal pour Miami, les Lakers ne parvenaient pas à retrouver les sommets. Leur saison 2005/2006 s’acheva dès le premier tour des playoffs, après une défaite contre les Phoenix Suns de Steve Nash. Rebelote un an plus tard, avec une élimination au même stade de la compétition face au même adversaire, après avoir obtenu une même médiocre 7ème place de la conférence Ouest en saison régulière.
Kobe avait beau se démener, marquer plus de 30 points par match, être nommé dans l’équipe type de la saison (« All NBA First Team » pour être exact) ainsi que dans la meilleure équipe défensive, cela ne suffisait pas. Entouré de joueurs moyens, il ne pouvait gagner. Un constat insupportable pour un tel compétiteur.
C’est alors que vint la rumeur d’un « trade » à Chicago.
Comme le savent ceux qui suivent ce blog depuis un moment, je suis supporter des Chicago Bulls depuis un bail. C’était déjà le cas en 2007. Contrairement aux Lakers, les Bulls pouvaient compter sur une équipe jeune et prometteuse, qui venait même de balayer le Heat, champion en titre, au premier tour des playoffs.
Sans star, mais avec de jeunes talents complémentaires et hargneux, correspondant parfaitement à l’état d’esprit de Kobe Bryant.
Pendant plusieurs semaines, la presse américaine évoqua donc cette rumeur, qui, on l’apprendra plus tard, était effectivement très sérieuse puisque Kobe et sa femme avaient trouvé une école pour y mettre leurs enfants et visité des maisons.
Membre d’un forum (Twitter n’existait pas !), je discutais de tout cela dans un anglais approximatif avec des fans étrangers, notamment un Allemand.
Et pendant plusieurs semaines, j’ai donc dû compter sur ma mère pour me traduire les articles.
Plus la rumeur progressait, plus elle devait voir d‘étoiles dans mes yeux. Kobe Bryant, le fils spirituel de Michael Jordan, avait de grandes chances de revêtir le même uniforme que lui d’ici peu.
Même l’excellent magazine français Reverse réalisa une Une où Kobe portait le maillot rouge des Bulls.
Ce n’est pas une surprise, l’échange ne se conclut pas et Kobe ne fut jamais le coéquipier de Kirk Hinrich, Luol Deng, Ben Gordon et Andrès Nocioni. Il resta chez lui, à Los Angeles, et vit arriver Pau Gasol à ses côtés en 2008, ce qui lui permit de retrouver les Finales NBA et de remporter deux nouveaux titres. Des moments cultes que j’ai eu la chance de suivre derrière mon écran. Finalement, peu importe la couleur de son maillot, voir Kobe batailler et soulever des trophées, c’était beau.
Adieu Kobe
Cet épisode de 2007 en dit cependant long sur l’impact de ce joueur, qui, de par son talent et son travail, fit rêver un ado du bout du monde et traduire des articles à une maman qui ne s’intéressait pourtant pas au basket.
Ce 26 janvier 2020, j’ai naturellement appelé ma mère quelques minutes après avoir appris le crash de l’hélicoptère dans lequel Kobe, sa fille et sept autres personnes se trouvaient. Puis mon frère. Plusieurs amis m’ont envoyé des sms dans la foulée, connaissant ma passion pour la NBA.
Apprendre sa mort fut un choc, non pas par nostalgie de mon adolescence mais parce qu’une réelle empathie pour Kobe Bryant était née avec le temps. Ce fut la même chose avec Derrick Rose lorsqu’il se blessa gravement et mis plusieurs années à s’en remettre.
Je suis également reconnaissant à Kobe pour les merveilleux moments de sport qu’il nous a offerts.
Enfin, c’est difficile d’accepter l’idée que sa fille soit partie avec lui, ainsi que les autres jeunes joueuses et les autres parents présents dans l’hélicoptère. Ce fut l’horreur. Plusieurs familles sont déchirées et cela ne sera pas moins grave avec le temps.
Au mois d’octobre dernier j’ai eu la chance d’assister à un match des Lakers au Staples Center, cela devait être l’objet d’un article ces jours-ci -cela attendra- et j’y ai vu les numéros 8 et 24 portés par Kobe lors de sa carrière suspendus au plafond. C'est un honneur rendu aux joueurs ayant marqué l'histoire d'une franchise dans le sport américain. J’étais admiratif et heureux.
Aujourd’hui, j’espère et je prie pour que Kobe soit « là-haut » et veille sur les siens en compagnie de sa fille Gianna depuis le ciel de la ville des anges...
Alexandre