C’est le jour J ! La saison NBA 2023/2024 débutera dans quelques heures avec le match entre les Denver Nuggets – brillants champions en titre – et les Los Angeles Lakers. Demain soir, ce sera au tour des Spurs d’entrer dans la danse avec la réception des Dallas Mavericks. Le Français Victor Wembanyama, numéro 1 de la dernière draft, immense espoir du basket mondial, talent générationnel, fera alors ses grands débuts officiels.
Madame Irma ?
Disons clairement les choses : écrire que le Français a un potentiel hors normes n’est pas très original, ni un scoop. C’est en revanche amusant d’imaginer ce qu’il pourrait advenir pour lui et sa franchise – les Spurs – durant cette première saison et dans un avenir un peu plus lointain. Et il sera également amusant de relire cet article dans quelques années pour constater ce qu’il est advenu.
S’il ne faut bien sûr pas tirer de conclusions après quelques matchs de pré-saison, ces derniers nous donnent tout de même quelques indications.
Premièrement, « Wemby » est à l’aise offensivement. Très à l’aise. Comme il l’imaginait lui-même (voir certaines de ses interviews), le jeu NBA devrait lui laisser davantage de place dans la raquette que le jeu européen. Par ailleurs, sa taille lui donnera bel et bien un avantage important. Comment contrer un géant ?
Certains adversaires devraient tenter de lui opposer non pas leur pivot/leur plus grand joueur mais des ailiers athlétiques, dynamiques et aux mains actives. À nouveau profil, nouvelle méthode pour les défenses NBA ! J’ai hâte, par exemple, de voir si un défenseur d’élite comme Kawhi Leonard s’occupera de Wemby malgré leur différence de taille.
La potentielle fragilité physique de Victor Wembanyama est souvent évoquée. A titre personnel, je suis plutôt optimiste. Le jeune homme travaille dur pour ne pas subir le sort que d’autres joueurs de 2m20 ou plus ont connu avant lui (je pense à Yao Ming) et il tâche notamment de gagner en souplesse et en agilité avec un coach personnel. S’il peut se blesser de temps à autre comme n’importe quel joueur, je mets une pièce sur le fait qu’il ne sera pas rattrapé sans cesse par les blessures et qu’il jouera au moins 70 matchs par saison en moyenne.
Bien résumé !
Ma crainte, à court terme, c’est à dire pour sa saison rookie, est moins dramatique. Je pense que Wemby usera et abusera du tir à trois points, qui n’est pourtant pas son atout numéro 1, loin de là. Comme Anthony Davis, il pensera que sa faculté à shooter à mi-distance et son rôle de leader lui donneront ce droit. Ce sera une erreur mais je ne doute pas que Gregg Popovich, toujours à la tête des Spurs, lui fera remarquer.
Les athlètes français à haut potentiel ont parfois déçu, notamment à cause d’une certaine faiblesse mentale. Je ne crois pas que cela touchera Wemby. Son parcours comme ses déclarations le montrent, il a non seulement beaucoup d’ambition et ne s’en cache pas mais il se donne les moyens de ses ambitions et, durant les premières étapes de sa carrière, a déjà montré qu’il était un gagnant.
La grosse côte ? Je vois bien Victor devenir All Star dès sa première saison en NBA. 45 joueurs ont déjà réussi cette performance avant lui mais ce phénomène est devenu très rare depuis la fin des années 1990. En 1998, c'est Tim Duncan, des Spurs (tiens tiens !), qui connaissait cet honneur. Après lui, seuls deux autres débutants ont participé au match des étoiles : Yao Ming en 2003 et Blake Griffin en 2011. Le premier pouvait compter sur le vote massif du peuple chinois tandis que le second avait époustouflé la planète basket avec ses actions spectaculaires.
Attention, je ne dis pas que Victor sera dès cette année l’un des 15 ou 20 meilleurs joueurs de la ligue, mais entre les statistiques individuelles que je pense qu’il atteindra (au moins 22/23 points et 7/8 rebonds), les highlights qu’il multipliera et l’engouement autour de lui qui ne diminuera pas, je pense qu’il aura clairement ses chances de faire une entrée fracassante dans ce petit groupe d’élite grâce à l’appui du public, quel que soit le bilan des Spurs d’ici le mois de février, même s’ils sont dans les bas fonds de la conférence Ouest.
En effet, comme l’a souligné Tony Parker, Wemby n’arrive pas à San Antonio comme lui même ou Tim Duncan ont pu le faire en leur temps, c’est à dire dans une équipe comportant déjà une ou plusieurs stars. Le groupe actuel est très jeune et ne devrait pas pouvoir faire de miracle, même si je pense que deux ou trois équipes finiront derrière.
A son arrivée chez les Spurs en 1997, Tim Duncan pouvait compter sur la présence d'une star de la ligue, David Robinson. Victor Wembanyama débarque lui dans un effectif beaucoup moins expérimenté et sans joueur majeur.
Rendez-vous l’été prochain pour voir quels agents libres les Spurs parviendront à attirer. Je vois bien quelques bons joueurs et pourquoi pas une star finir par les rejoindre, pour accompagner Wemby vers les sommets, surtout si « coach Pop » poursuit encore un peu sa glorieuse carrière d’entraîneur.
Un scénario fou ferait atterrir le fils de LeBron dans le Texas, ce qui attirerait LeBron lui-même...et pourquoi pas ?
Petit pari « franco-français » à long terme : Bilal Coulibaly, qui évoluait lui aussi chez les Metropolitans de Boulogne-Levallois en 2022/2023 et vient de rejoindre la NBA (chez les Washington Wizards) finira dans quelques années par épauler à nouveau son ami Wembanyama.
Il faut beaucoup de travail pour remporter un titre NBA. La concurrence est rude. Pourtant, là encore, je mets une pièce sur le fait que Wemby y parviendra trop ou tard. Pas en 2024, bien sûr, ce sera pour les Bucks ou les Nuggets, mais ce sera fait avant la fin de sa carrière.
Unique
Le parcours déjà extraordinaire de Victor Wembanyama a été immortalisé par un documentaire de Canal+. Intitulé « Unique », un terme employé par le joueur lui-même pour décrire la carrière qu’il souhaite accomplir, il revient longuement sur les épisodes clés de la saison 2022/2023 à Boulogne-Levallois. Une saison conclue par la finale du championnat de France puis par la draft NBA.
Autre moment fort, le voyage à Las Vegas lors de l’automne 2022, voyage lors duquel Victor et les Mets 92 ont affronté la NBA G League Ignite, une équipe de jeunes talents américains dans laquelle évoluait notamment Scoot Henderson, autre très grand espoir du basket et qui a, quelques mois plus tard, été sélectionné en 3ème position de la draft par les Portland Trailblazers.
Durant près d’une heure trente, nous découvrons ou redécouvrons aussi l’enfance de Wemby, ses particularités (et notamment ses entraînements avec son coach personnel que j’évoquais précédemment). Ses anciens coach comme les membres de sa famille nous livrent quelques témoignages intéressants voire touchants.
Souhaitons à Wemby que d’autres documentaires suivront et mettront de nouveaux exploits en lumière, des exploits dignes de ceux de Kobe Bryant, Dirk Nowitzki ou Stephen Curry.
Bonne saison NBA 2023/2024 à tous !
Alexandre