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Histoire, géographie, art, musique... Le sport, une ouverture sur la culture !

« Du pain et des jeux ». Les prétendus intellectuels du net ou des médias ont la fâcheuse habitude d’employer cette expression pour mépriser les amateurs de sport chaque fois qu’une grande compétition fait l’actualité ou qu’un match de foot défraye la chronique. Pour ces personnes « éclairées », vibrer pour une équipe ou suivre un tournoi, que ce soit dans un stade ou à la télévision, ne serait qu’une preuve de soumission à la société de consommation et une distraction à la fois abrutissante et avilissante, un hobby de « beauf ». Ne souhaitant pas m’étaler sur les probables incohérences du mode de vie de ces gens, je veux plutôt exposer aujourd’hui tout ce que le sport professionnel peut apporter – en plus du plaisir et de la détente – et prouver qu’il permet une véritable ouverture sur la culture.      

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Il paraît que les jeunes générations, les enfants des années 80 et 90, et je n’ose même pas parler des plus jeunes, ne sont qu’un agglomérat d’imbéciles. Une masse d’ignorants qui ne s’intéressent  à rien. Peut-être qu’il y a du vrai, l’éducation nationale ayant notamment oublié son rôle et privilégiant la sacro-sainte égalité (égalité dans la bêtise ?) à la transmission du savoir et de la connaissance.  Certes !
Mais dans cette société inculte du 21ème siècle, il se pourrait que certains amateurs de sport aient davantage de notions en histoire et en géographie que leurs contemporains.

 

Gueugnon, mineurs de fond et ballon rond

Le football étant le sport le plus populaire du monde, il est aussi celui subissant le plus de critiques et de moqueries. Après tout, il ne s’agit que d’une discipline où « 11 types en short courent derrière une baballe ».  Même au niveau culturel, c’est méconnaître totalement le foot que d’affirmer cela.

C’est en effet en suivant les résultats du championnat de France que des millions de petits Français ont appris à placer les villes du pays sur la carte : les métropoles, grâce aux équipes les plus connues, mais aussi les villes plus modestes, celles que l’on trouve à la lutte en milieu de tableau chaque année ou qui font un bref passage en deuxième division. Auxerre et la Bourgogne, Guingamp et la Bretagne, Sedan et les Ardennes, Amiens et la Picardie…voilà autant de cités et de régions que les fans de foot ont découvertes grâce à leur passion !
La petite ville de Gueugnon, également en Bourgogne, est peut-être l’exemple le plus marquant de ces 20 dernières années. Si le club évolue désormais en championnat amateur, il était parvenu jusqu’en D1 en 1995 et avait remporté la coupe de la ligue face au Paris Saint Germain en 2000, à la plus grande joie des 7 000 habitants de la commune qui profitait de l’occasion pour se faire connaître à la France entière. Le surnom de l’équipe ? Les forgerons, en référence à la profession qui anima l’économie de Gueugnon pendant longtemps.

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L'équipe de Gueugnon a fait connaître la petite commune bourguignonne à la France entière

 

Cet apprentissage original de la géographie vaut également pour les grandes villes européennes ou les pays du monde entier que l’on retrouve lors des compétitions internationales. À cela, ajoutons les drapeaux et les hymnes nationaux ! Flower of Scotland, Fratelli d’Italia, God Save the Queen… Y a-t-il plus fort, émouvant et solennel que l’interprétation de ces hymnes par 50 ou 60 000 personnes ? C’est en tout cas un moment immanquable pour l’amateur de sport, peu importe s’il ne s’agit pas de sa nation et quel que soit le contexte sportif. Les hymnes sont d'ailleurs souvent de véritables leçons d'histoire, ou du moins la représentation du roman national d'un pays ! 


L'équipe nationale écossaise ne brille pas vraiment sur la scène internationale, son public prouve cependant toute sa ferveur lorsque l'hymne "Flower of Scotland" retentit, ou est comme ici interprété par la chanteuse de rock Amy Macdonald

 

Certains supporters de football vont plus loin. Dans la plupart des clubs, les groupes « ultras » permettent à leurs membres de découvrir et de mettre à l’honneur l’histoire de leur région, de leurs aïeux. Les grands moments, heureux ou non, donnent lieu à des tifos dont l’ingéniosité n’a d’égal que la profondeur du message.
Etant moi-même supporter de Lens, je ne crois pas avoir vu plus beaux hommages aux mineurs de fond que ceux rendus par les tribunes du stade Bollaert, notamment en 2006 et en 2016 lors des commémorations de la catastrophe de Courrière, drame qui fit 1099 victimes le 10 mars 1906.

 

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 Fondé suite à la catastrophe de Courrières du 10 mars 1906, le RCL et ses supporters n'oublient pas le passé minier de la région 


Je me souviens également d’une visite du centre historique minier de Lewarde, où un guide qui fut mineur pendant de longues années pleurait quasiment de joie en voyant un groupe de jeunes gens s’intéresser à ce que ses camarades et lui avaient vécu. L’amour du foot, l’amour d’un club, c’est aussi ça, c’est surtout ça.   

Récemment, le RC Lens et des supporters se sont associés pour demander la venue de la Joconde à l’antenne du Louvre présente dans la ville depuis 5 ans. En 2016 déjà, le prestigieux musée avait accueilli une exposition temporaire à la gloire du club qui permit aussi à de nombreux fans de découvrir les collections classiques. Musées et football font bon ménage !

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La Joconde réclamée par le RC Lens et ses supporters

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De nombreux fans du RCL ont profité de l'exposition temporaire sur l'histoire du club organisée au Louvre Lens en 2016 pour découvrir les collections du prestigieux musée

 

Mélomanes FC

Partout en France, les héros et figures locales sont honorés dans les stades, les blasons historiques sont brandis, et, parfois, les langues régionales employées pour chanter de sublimes chants traditionnels, comme « Nissa la Bella » à Nice ou « So Elli » à Bastia.


Une interprétation on ne peut plus émouvante de "Nissa la bella" en mémoire des victimes de l'attentat islamiste de Nice...

 

À Lens, exemple que je connais donc le mieux, ce n’est pas un chant traditionnel mais une chanson populaire qui résonne à chaque match, « Les Corons » de Pierre Bachelet, une déclaration d’amour à la région et à ses valeurs.


L'hommage du stade Bollaert aux victimes du coup de grisou du 10 mars 1906

 

Plusieurs musiciens sont d’ailleurs déjà venus sur la pelouse de Bollaert pour entonner les Corons avec les 30 000 spectateurs présents dans l’enceinte artésienne, notamment le violoniste André Rieu en 2009.

Ce n’était pas un coup d’essai pour l’artiste hollandais puisqu’il avait joué sa célèbre version de la seconde valse de Shostakovich et Le Beau Danube bleu de Johann Strauss à la mi-temps de la demi-finale de la ligue des champions 1994/1995 entre l’Ajax et le Bayern Munich. Ce jour-là, le public d’Amsterdam reprenait en chœur ces musiques classiques. Pas si incultes, les footeux ! André Rieu revient régulièrement lors des matchs de l’Ajax Amsterdam pour jouer divers morceaux classiques, et, si certains estiment qu’il n’a fait que trouver un bon filon, d’autres peuvent y voir une association logique entre un musicien décrié pour ses reprises d’airs populaires et des amateurs de football préjugés idiots à cause de leur amour du ballon rond.


Les thèmes joués par André Rieu repris par le bouillant public de l'Ajax Amsterdam : magnifique !

 

Le patinage artistique est peut-être la discipline mettant le plus la musique en valeur. Chaque programme est accompagné d’un morceau, souvent classique, et les commentateurs ne se privent pas pour en signaler le titre. Pour mon plus grand plaisir, il s’agit aussi fréquemment de bandes originales de films ! Sans rentrer dans le détail, et comme j’essaie de le démontrer depuis la création de ce blog, de nombreux films s’attardent par ailleurs sur la vie d’athlètes, preuve que le 7ème Art a reconnu depuis bien longtemps l’apport culturel du monde du sport.


En 2015, les patineurs français Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron dansaient sur le concerto pour piano n°23 de Mozart

 

L’Amérique, je voulais l’avoir et je l’ai eue !

Suivre le sport américain peut aussi apporter beaucoup aux petits Européens ! Il ne s’agit pas de privilégier un autre continent et d’ignorer le sien, ni de s’adapter à des coutumes lointaines, mais bien de découvrir une autre culture. Pour connaître les États-Unis, il faut déjà connaître sa géographie, de la Floride à l’Oregon, en passant par le Kansas et l’Utah, et les grands championnats de basket, de foot américain ou de hockey sur glace sont parfaits pour cela !
Suivre la NBA de près m’a rapidement permis de situer la plupart des 50 états, et soutenir les Chicago Bulls a fini par me faire voyager là-bas pour découvrir bien plus que les enceintes sportives, mais aussi l’histoire et les richesses de la ville !

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Quand l'amour du sport fait voyager !

 

Notons aussi que le nom et le logo de nombreuses franchises de sport américain font référence à une histoire, une particularité ou une spécialité locale. Pour continuer sur les Chicago Bulls, le taureau qui les représente rappelle par exemple les grands abattoirs qui se tenaient dans la ville par le passé. Les Denver Nuggets, que l’on peut traduire par « Pépites de Denver », rappellent quant à eux la ruée vers l’or dans leur état du Colorado !

 

Histoire et patrimoine

Autre point positif lorsqu’on s’intéresse au sport et aux grandes compétitions du passé, on y découvre de nombreux liens avec la grande Histoire. Je pense en premier lieu aux Jeux Olympiques de Berlin organisés en grande pompe par l’Allemagne en 1936 ainsi qu’aux revendications des athlètes afro-américains à Mexico en 1968. Je n’oublie pas non plus que le destin de Mohammed Ali fut dessiné par bien d’autres circonstances que les matchs de boxe, ni que le polonais Władysław Kozakiewicz s’était levé face au régime communiste après un concours de saut à la perche à Moscou en 1980.

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Władysław Kozakiewicz et son bras d'honneur aux communistes 

 

Si je ne suis pas un grand amateur de cyclisme, je dois bien admettre que le Tour de France, et plus particulièrement sa diffusion à la télévision, est souvent d’une grande richesse ! On y découvre les petites et les grandes histoires qui ont fait notre nation, notre patrimoine exceptionnel, nos cathédrales et nos châteaux, nos campagnes… Devant un tel programme, on ne perd pas totalement son temps !

 

De l’histoire et de la géographie, qu’elle soit régionale, française ou internationale, de la musique et des films, des valeurs, du patrimoine… L’intérêt pour le sport permet bel et bien une ouverture sur la culture, et si certains esprits chagrins aiment qualifier cela d’opium du peuple, je leur rétorquerai pour conclure que les enceintes sportives font plutôt office d’opéras du peuple.   

 

Alexandre 

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