Le 20 avril 2012, les Mexicains découvraient le film Cristeros, racontant une page importante, récente, mais quelque peu oubliée de leur histoire.
À la fin des années 20, le président Calles et son gouvernement instauraient des lois anticatholiques radicales, provoquant peu à peu une révolte populaire…
Deux ans d’attente pour le public français
Porté par des acteurs internationalement reconnus, le film rencontre un succès immédiat au Mexique et est rapidement projeté aux États-Unis. Il faut attendre près d’un an avant de le voir également dans certaines salles européennes, en Pologne et en Espagne, deux des derniers grands bastions catholiques du vieux continent.
Et chez nous, me direz-vous ? Ce n’est que le 14 mai 2014, après une mobilisation des catholiques de France sur internet, que Cristeros commence à être projeté dans les salles. Le diffuseur juge cependant malin de passer la bande annonce de Welcome to New York avant le film, long métrage racontant les « aventures » de Dominique Strauss Kahn, avec bien sûr des scènes de sexe à foison. Malgré cette provocation, les salles sont pleines dans toutes les villes où Cristeros est à l’affiche.
Le contexte historique du film
Le film commence par un message religieux, puis par un rappel du contexte historique. En 1926, quelques années après la Révolution, le président Plutarco Elias Calles renforce les lois anticatholiques de la constitution mexicaine de 1917 : Les évêques, prêtres et pasteurs nés à l’étranger sont expulsés ; les prêtres qui critiquent le gouvernement sont emprisonnés et le port d’habits religieux en public est interdit. Très vite, la répression entraîne la mort de nombreux catholiques n’ayant pas bafoué leurs convictions. Ces mesures provoquent d’abord une réaction pacifique de la « Ligue pour la Liberté Religieuse » puis une opposition armée menée par des femmes et des hommes libres du pays : les Cristeros.
Des héros de tous horizons (attention, spoilers !)
Nous découvrons peu à peu les personnages principaux, tous ayant réellement existé.
Le Père Christopher, interprété par Peter O’Toole (Lawrence d’Arabie, La Bible, Caligula, Le Dernier Empereur, Troie…) refuse de se battre mais il refuse également de se soumettre aux lois liberticides. Il accueille le jeune José Sanchez pour en faire un enfant de chœur, ils sont cependant tous deux vite rattrapés par le conflit et le petit mexicain doit alors prendre des décisions d’homme.
À la tête de l’armée catholique des Cristeros, l’on trouve le général Enrique Gorostieta Velarde, militaire à la retraite et autrefois sous les ordres du président Huerta, il est joué par Andy Garcia (Le Parrain 3, Ocean’s Eleven…). Le film commet d’ailleurs l’une de ses rares erreurs en nous le présentant comme un athée se convertissant au fur et à mesure des évènements et influencé par sa femme (jouée par Eva Longoria, surprenante dans ce rôle on ne peut plus éloigné de celui qu’elle tenait dans la célèbre série tv Desperate Housewives). La famille du général Gorostieta a en effet indiqué que leur aïeul était déjà un catholique fervent au moment de s’engager dans cette lutte.
Victoriano Ramírez (interprété par Oscar Isaac, vu depuis dans Star Wars), lui, s’est fait connaître dans l’armée par un fait d’arme impressionnant ; il a tué quatorze hommes de l’armée régulière mexicaine à lui seul avant de rejoindre la rébellion, accompagné de ses hommes. C’est avec surprise qu’il y découvre le père Vega, prêtre-soldat, ainsi que de nombreuses femmes qui participent à l’effort de guerre.
Ces héros se rencontrent tour à tour mais de nombreuses rancœurs perturbent le bon déroulement de leurs combats. Embauché comme mercenaire, le Général Gorostieta doit convaincre les hommes les plus durs de son dévouement et ne peut contrôler le sanguin Ramirez.
Le Père Vega, quant à lui, est à l’origine de l’un des crimes les plus violents commis par les Cristeros, en faisant brûler – par mégarde – un train qui n’avait pas été évacué de ses passagers, ce qui entraîne des représailles très dures du président Calles.
Les tribulations politiques sont nombreuses, et les Mexicains connaissaient les pires horreurs de la guerre.
C’est finalement l’arrivée dans les rangs des Cristeros du petit José et le martyre qu’il va connaître qui va souder l’armée. Serviable et courageux, le garçon est capturé au cours d’une bataille. Il est questionné, menacé, torturé, mais il ne livre pas ses compagnons qui, eux, sont partis à sa recherche. Pire pour ses adversaires, il refuse de renier le Christ et est ainsi livré à un véritable Chemin de Croix. Ensanglanté, les pieds nus, il est traîné dans les rues de sa ville, il chute à plusieurs reprises mais se relève inlassablement. Une dernière occasion d’avoir la vie sauve lui est donnée s’il trahit ses frères et renie sa Foi, il n’en fait rien et est exécuté devant sa famille, impuissante mais fière, et devant le Général, arrivant quelques instants trop tard.
L’héritage des Cristeros
L’épilogue nous apprend le destin des différents protagonistes et d’autres héros des Cristeros. José Luis Sanchez del Rio, 14 ans à sa mort, et douze autres Mexicains furent reconnus comme martyrs et béatifiés par le cardinal José Saraiva Martins le 20 novembre 2005 sous le pontificat du Pape Benoît XVI. Le père Christopher et vingt-quatre de ses compagnons martyrs, prêtres et laïcs, avaient déjà été canonisés le 21 mai 2000 par le Pape Jean-Paul II.
Dean Wright, réalisateur du film mais principalement connu pour son travail sur les effets visuels (Titanic, Le Seigneur des Anneaux, L’Homme Bicentenaire…), a choisi de ne pas montrer le dénouement politique de cette guerre mexicaine - le Président Calles faisant des concessions mais éliminant tout de même de nombreux anciens Cristeros - et fait ainsi de son œuvre une profession de Foi plus qu’un biopic ordinaire.
Certains estimeront que quelques scènes jouent un peu trop sur la corde sensible du spectateur, d’autres les jugeront bouleversantes, nous sommes quoi qu’il en soit témoins pendant près de deux heures et demie du courage d’hommes, de femmes et d’enfants s’étant chacun à leur manière battus pour leur Foi, preuve que chaque bonne volonté peut apporter beaucoup à une cause.
Cristeros est donc un film à revoir et sur lequel nous pouvons méditer en cette période de carême !
Alexandre