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La folle histoire des Lakers vue par HBO et Disney

Lors d’une interview donnée pour le média ESPN en 2004, le patron de la NBA de l’époque, David Stern, déclarait avec humour que l’affiche rêvée pour une finale serait une opposition entre les Lakers et les...Lakers. Non non, il n’y a pas d’erreur, c’est bien cette affiche impossible qui, hypothétiquement, serait la plus lucrative pour la grande ligue. La franchise de Los Angeles est effectivement l’une des plus populaires, la plus titrée (à égalité avec les Bostons Celtics), tout en faisant le lien avec Hollywood. Voilà longtemps que les vedettes du cinéma et de la musique se pressent pour assister aux matchs des Lakers : une jolie publicité pour la NBA !
De Jerry West à LeBron James en passant par Wilt Chamberlain, Kareem Abdul Jabbar, Magic Johnson, Shaquille O’Neal, Kobe Bryant ou encore Pau Gasol et Anthony Davis, de nombreux
hall of famers ou futurs hall of famers ont porté la tunique violette et dorée. Ces dernières années, deux séries ont fait la part belle à l’histoire des Lakers.

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Jerry Buss, Magic Johnson et Jerry West, icônes des Lakers et héros de Winning Time, la série signée HBO

Mister Jerry et docteur Buss

L’histoire moderne – et glorieuse – des Lakers n’aurait pas été possible sans l’excentrique Jerry Buss. Le milliardaire, qui racheta les Lakers en 1979, est donc l’un des principaux protagonistes de la série produite par HBO en 2022, Winning Time: The Rise of the Lakers Dynasty. Celle-ci nous ramène donc au moment où celui qui était alors spécialisé dans l’immobilier se lança dans le monde du sport professionnel en s’offrant l’équipe de basket de Los Angeles mais également les L.A Kings (hockey sur glace) et le Forum, l’enceinte dans laquelle les équipes jouaient leurs matchs. Jerry Buss est interprété par John C. Reilly.

1979 est aussi l’année où Magic Johnson et Larry Bird gagnèrent la NBA, le premier chez les Lakers, le second chez les Boston Celtics, alors largement en tête en termes de trophées glanés. La rivalité entre les deux hommes, qui débuta dès leur période universitaire, provoquera un engouement international pour la NBA, la faisant entrer dans le monde moderne. Idéal pour pimenter la série.

La série étant centrée sur les Lakers, c’est naturellement le parcours du jeune Earvin Johnson, vite renommé Magic par la terre entière, que nous suivons le plus. C’est le jeune acteur Quincy Isaiah qui rentre dans ses baskets pour le show.
Vie familiale, relations amoureuses (et sexuelles, n’est-ce pas Magic !), passion pour le basket, joie de vivre, débuts professionnels...tout y passe, y compris son lien très particulier avec Jerry Buss. Si ce dernier à l’âge d’être le père du basketteur, leurs hobbies mais surtout leur découverte simultanée de la NBA lient leur destin.

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Quand on est ami avec le patron, difficile de se faire bien voir par ses coéquipiers. Si, de nos jours, tout le monde salue la joie de vivre de Magic et bien sûr sur les qualités de basketteur qu’il avait autrefois, son parcours ne fut pas un long fleuve tranquille. Trop souriant, trop créatif, trop aimé par les médias, Magic en a excédé plus d’un, l’immense Kareem Abdul-Jabbar, alors leader de l’équipe, comme
le coach Paul Westhead.

Winning Time nous fait aimer le personnage (si cela était nécessaire) mais ne balaye pas ses défauts. Il en va de même pour Jerry Buss, avec qui le spectateur aimerait faire la fête et discuter basket toute la nuit mais à qui nul ne confierait sa femme, sa fille, sa cousine, sa grand-mère, bref, n’importe quelle femme que le playboy pourrait vouloir séduire.

Trois personnages de l’ombre m’ont particulièrement intéressé (du moins dans l’ombre à leurs débuts chez les Lakers, période dépeinte dans la série) : Jeanie, la fille de Jerry (jouée par Hadley Robinson), Claire Rothman, qui était en charge du Forum (jouée par Gaby Hoffmann), et Pat Riley, alors ex-joueur pro, commentateur sportif puis assistant coach. Chacun d’entre eux va gagner en influence grâce à son travail et à sa persévérance. Mention spéciale à Adrien Brody, acteur reconnu (Le Pianiste, King Kong, Minuit à Paris...) qui prête ses traits à Pat Riley. Si Riley est devenu depuis une icône de la NBA, tant comme coach que comme dirigeant, on le voit alors un brin timide voire dépressif, arrivant à la télévision « par hasard », obtenant son poste d’assistant « par hasard » et finissant coach principal « par hasard ». Adrien Brody est habité par son personnage et, au cours des deux saisons, qui couvrent les saison 1979/1980 à 1983/1984, on le voit se transformer en véritable « machine de guerre », en génie du basket et en homme charismatique.

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La première fois que j’ai entendu parler de Winning Time, il s’agissait d’une critique acerbe, notamment en ce qui concerne Jerry West, légende des Lakers devenue coach puis dirigeant dans les années 80. On le découvre sanguin, quasiment hystérique. Le vrai Jerry West, toujours en vie, âgé de 85 ans en 2023, a d’ailleurs pesté contre cette vision, menant même un action en justice. Difficile de démêler le vrai du faux.

Quoi qu’il en soit, les victoires succèdent aux échecs et inversement pour les Lakers durant ces 5 années, avec les conséquences que l’on imagine. Échanges de joueurs, changements de coach, festivités… Hélas, nous sommes coupés en plein élan, alors que Boston vient de remporter les finales 1984, et nous ne verrons jamais la suite de cette fabuleuse bataille. Le 18 septembre, nous apprenions en effet que la série avait été annulée par HBO. Le budget était à priori trop important pour poursuivre le show.

Avec une mise en scène frôlant parfois avec celle d’un documentaire, des personnages n’hésitant pas à briser le quatrième mur (et donc à s’adresser directement au spectateur), mais aussi avec une photographie « vintage », Winning Time est un OVNI et ne devrait pas tomber dans l’oubli. Malgré la fin de la série, il n’est pas interdit d’espérer un retour de HBO dans le monde du basket à l’avenir : il y a de la matière !

J'en profite pour faire un clin d'oeil à Anthony Saliou, auteur de NBA 1998/99 et co-auteur de TOP 50 : Les Légendes de la NBA, fan de la série, déçu comme moi de sa fin prématurée.

L’histoire officielle sur Disney+ : un petit air de télé-réalité…

Pour découvrir la suite des aventures de Jerry Buss, Magic Johnson et des Lakers, rendez-vous sur Disney+. En 2022 également, la plateforme proposait non pas une fiction mais une série documentaire intitulée Legacy : la véritable histoire des LA Lakers. Un projet ayant quelque peu l’allure d’une réponse officielle à la série parfois polémique de HBO.

Nous retournons au point de départ, à la prise en main de la franchise par Jerry Buss, puis parcourons chaque saison jusqu’au dernier sacre en date des Lakers en 2020. Pour l’occasion, toutes les plus grandes personnalités de l’histoire des Lakers ont accordé des interviews exclusives. Même Kobe, qui nous a – j’ai toujours du mal à y croire – quitté en janvier 2020, est présent via des images d’archives.

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Magic Johnson et Jerry Buss


Nous avons droit à une saison de 10 épisodes pour toute cette période quand Winning Time ne couvrait « que » la période 1979-1984 avec deux saisons et 17 épisodes. Logiquement, beaucoup de détails sont donc « zappés » ici. Le témoignage des principaux concernés nous permet d’avoir leur version de l’histoire même si l’on soupçonne parfois un peu de langue de bois ou des souvenirs flous et romancés.

Jeanie Buss, fille de Jerry, m’avait séduit dans Winning Time par son dévouement pour son père – et pour les Lakers – mais aussi par son charme et son innocence. Dans cette série documentaire, nous la retrouvons telle qu’elle est maintenant, présidente des Lakers ayant roulé sa bosse. J’aurais aimé voir cette évolution à travers de nouvelles saison de Winning Time. J’imagine bien sûr que HBO, souvent porté sur la dimension sexuelle, se serait fait plaisir en mettant en scène le shooting photo accordé par Jeanie Buss à la revue de charme Playboy en 1995 !

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Jeanie Buss

Après la retraite précipitée de Magic, séropositif, ce fut une petite traversée du désert pour les Lakers.

Le remède avait un nom : Shaquille O’Neal. L’homme aux multiples surnoms signait à Los Angeles durant l’été 1996, rejoignant le jeune Kobe Bryant. Il faudrait attendre l’an 2000 pour voir L.A de retour au sommet. Avec Phil Jackson, ex-coach des Chicago Bulls, les Lakers allaient même s’offrir un three-peat (3 titres consécutifs) et une quatrième finale de rang en 2004. Les histoires d’amour finissent mal en général et la défaite contre les Pistons cette année là allait sonner la fin de l’idylle entre le Shaq et les Lakers mais aussi entre Phil Jackson et Kobe Bryant. Kobe serait seul ou presque à tenir la barre du navire pendant plusieurs années, jusqu’à l’arrivée de Monsieur Pau Gasol, qui permettrait à son coéquipier d’obtenir deux titres supplémentaires et de dépasser Shaquille O’Neal, qui lui s’était offert un triomphe du côté de Miami.

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Kobe Bryant et Pau Gasol : deux stars, deux coéquipiers, deux frères

 

La NBA est faite de cycles, la draft est d’ailleurs un système allant dans ce sens. Tout le monde doit avoir une chance d’atteindre les sommets un jour pourvu que la direction fasse les bons choix. On peut dire que ce ne fut pas le cas pour les Lakers durant les années 2010. Les querelles familiales à la mort de Jerry Buss en 2013 ont coûté cher à la franchise, chaque membre de la fratrie ayant sa propre idée de ce qu’il fallait faire. Le documentaire nous propose là deux ou trois épisodes aux allures de télé-réalité, avec règlements de comptes et autres déclarations chocs. Pas vraiment ma tasse de thé.

Heureusement, l’arrivée de LeBron James en 2018 permet de s’intéresser à nouveau à l’essentiel : le basket.

Legacy : la véritable histoire des LA Lakers est un bon complément de Winning Time et compense quelque peu l’arrêt brutal de la série de HBO. Fans des Lakers ou non y trouveront leur bonheur malgré quelques longueurs.

Et si vous préférez vous tourner vers l’avenir, la preview des Lakers pour la saison 2023/2024 made in Trashtalk est faite pour vous !




Alexandre



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