Les quelques lecteurs réguliers de mon blog le savent, je ne parle pas de cinéma français. Pourquoi ? La quasi-totalité des acteurs (et actrices) actuels de notre pays me sortent par les yeux, étant bien souvent des caricatures bien pensantes ou bien des imbéciles « bankables » issus de la télévision et propulsés sur grand écran pour faire péter le box-office.
Je n’aime pas non plus les cinéastes français, puisqu’ils essaient (du moins pour les longs-métrages les plus plébiscités) de transmettre un message politique dans leur œuvre, et ce sans aucune finesse.
Je vois déjà les anti-américains primaires me dirent qu’Hollywood fait pareil, voire pire, et ajouter que je ne suis qu’un naïf au cerveau lobotomisé par la mondialisation. Ce serait aller bien vite en besogne de leur part !
Je compte en effet aujourd’hui faire un petit travail d’humilité en revenant sur une série de films qui m’a marqué, commencée en 2002 par L’Auberge Espagnole, poursuivie en 2005 par Les Poupées Russes, et conclue en 2013 par Casse-tête Chinois.
Xavier, personnage principal de la série, joué par Romain Duris, encore jeune et naïf dans L'Auberge Espagnole
Il ne serait pas exagéré de dire que L’Auberge Espagnole a marqué toute une génération. Xavier, un jeune Français de 25 ans (sympa, et joué par Romain Duris) part un an en Erasmus à Barcelone, y rencontre une bande de potes (tous aussi sympas) et fait face à des problèmes faisant échos à ce que chaque jeune de cet âge peut connaître. La recette est simple mais fonctionne parfaitement, Xavier est attachant malgré ses défauts, et humour et amour sont dosés avec subtilité.
Malgré tout, Cédric Klapisch (le réalisateur) ne peut s’empêcher de nous imposer trois histoires de tromperies (une incluant un couple récemment marié, une autre incluant une coloc de Xavier dans une scène «comique», et une concernant sa pote lesbienne jouée par Cécile de France). Les tromperies font hélas bien partie de notre monde et peuvent donc parfois être mises en scène, mais ici, en plus de banaliser la chose, ces histoires parasitent une bonne partie du film et ne paraissent ni pertinentes ni utiles à son déroulement. Un putain de point noir dans un excellent film.
Dans un autre registre, il est amusant de voir comment la question de l’homosexualité était traitée à l’époque (rappelons que le film a déjà 15 ans !). Si elle n’est bien sûr par montrée de manière négative, l’attirance du personnage d'Isabelle pour les femmes surprend ses amis et colocataires, ce n’est pas une pratique habituelle. Certaines réactions seraient même vues comme insultantes aujourd’hui, ce qui devrait faire prendre conscience à certains de leur hystérie sur le sujet.
Je suis toujours très mal à l’aise en assistant à une scène d’adultère au cinéma, ce qui se produit à nouveau dans Les Poupées Russes, deuxième opus de la série. La tromperie a pourtant cette fois une conséquence dans la vie de Xavier, il en paie le prix (brièvement, certes) et lui-même est conscient d’avoir merdé, ce qui fait plus ou moins passer la pilule.
Le mariage de Natacha et William permet à la bande d'amis de se retrouver dans Les Poupées Russes
A côté de ça, on retrouve des personnages plus adultes, qui, en passant la trentaine, se posent des questions existentielles plus intéressantes à mon goût que celles de L’Auberge Espagnole. C'est le moment où chacun doit prendre des décisions importantes pour la suite de sa vie, il n'est plus l'heure de faire la fête sans penser au lendemain. Disons que ce film est le parfait complément du précédent !
La relation de William, le frère de Wendy (ancienne coloc anglaise de Xavier à Barcelone) avec une danseuse russe est même très touchante, voire un peu réactionnaire sur les bords.
Le tout est enfin porté par une excellente bande originale, avec des chansons qui restent dans la tête ! J'avais beaucoup apprécié ce film à sa sortie, et avec le temps je conserve du plaisir à le regarder.
Et là, c’est le drame… Les Poupées Russes avait mis la passion, le dévouement et la vérité sur le devant de la scène, Casse-tête Chinois en est l’antithèse. C’est aussi un brûlot idéologique insipide et stupide qui ne semble être qu’une réaction politique filmée au débat sur le mariage pour tous. Klapisch, en plus d’en remettre une couche sur l’homosexualité d'Isabelle (les homos seraient donc d’après lui particulièrement infidèles ?) nous impose pma, adoption pour tous, j’en passe et des meilleurs.
Et si on bousillait tout ce qui a été fait auparavant ? Finalement, l'âge con c'est peut-être 40 ans
Xavier finit par se remettre avec son amour de jeunesse (jouée par Audrey Tautou, déjà présente dans les deux premiers films), ce qui fout totalement en l’air l’histoire que j'avais aimé voir s’accomplir dans Les Poupées Russes. Je dirais même que la déception provoquée chez moi par ce film –autant à cause de son idéologie que de son histoire- est certainement ce qui m’a dégoûté du cinéma français du 21ème siècle pour de bon. J’ai heureusement de nombreux grands classiques à découvrir, j’ai récemment pu voir Les demoiselles de Rochefort et Le Quai des Brumes, j’ai donc la nette impression que pour moi, l’avenir du cinéma français, c’est son passé. Comme dirait Renaud, tant mieux ou tant pis !
Alexandre