Certains films ne nous lasseront jamais et accompagnent notre existence. Notre point de vue sur ces œuvres et les effets qu’elles déclenchent en nous peuvent évoluer selon l’âge ou la période que nous traversons, mais elles font partie de nous pour le meilleur et pour le pire.
J’aime le cinéma parce qu’il offre la possibilité de voyager dans l’espace et dans le temps, il permet également de voyager dans notre propre vie lorsque nous nous remémorons le moment ou le contexte lors duquel nous avons découvert telle ou telle œuvre, mais il peut aussi nous faire réfléchir à notre avenir, aux choix que nous voulons prendre, aux objectifs que nous souhaitons atteindre et aux dangers et excès que nous refusons de prendre et de commettre. En faisant travailler notre imagination et en interrogeant nos propres rêves, le cinéma n’est plus un spectacle que l’on regarde passivement mais un véritable stimulant ; le septième art exalte mon quotidien, il ne m’éloigne pas de la réalité, ne m’empêche pas d’aimer, de vivre ou de voyager, le cinéma n’est pas une drogue.
D’une famille cinéphile, j’ai pu me faire un certain nombre de références de ce genre depuis mon enfance mais quelques films sortent bien sûr du lot. Sur ce blog j’ai déjà évoqué Ivanhoé (1952), Le Jour le plug long (1962), La Guerre des étoiles (1977), Braveheart (1995) ou encore Interstellar (2014). Des titres qui n’évoqueront rien ou peut-être uniquement le divertissement à certains, et c’est bien normal, chacun ayant sa propre sensibilité et ses propres centres d’intérêt.
Aujourd’hui je voulais m'attarder sur Forrest Gump, autre film américain très célèbre, avec Tom Hanks dans le rôle titre. Il me semblait inutile d’en faire un long résumé, préférant parler des points qui m’ont marqué lors de mon dernier visionnage.
J’ai récemment lu sur les réseaux sociaux que les références cinématographiques mondialisées comme l’est ce film n’ont pas le charme des films français d’antan puisqu’elles sont réalisées pour plaire au plus grand nombre. Ce dernier constat est vrai, mais si ces blockbusters peuvent avoir un effet abrutissant voire pervers selon les thèmes abordés, je ne crois pas qu’un beau film très célèbre vaille moins qu’un beau film –hélas- passé inaperçu. Je pense aussi que le cinéma est fait pour créer du lien social, une œuvre obscure remplira forcément moins ce rôle.
J’en reviens donc à Forrest Gump, sorti en 1994.
C’est l’histoire d’amour la plus pure et sincère possible, ceci étant accentué par le fait qu’elle est à sens unique pendant longtemps. Elle n’en est pas niaise pour autant, Forrest est fidèle à ses sentiments, dévoué à la belle Jenny tout au long de sa vie même lorsqu’elle emprunte un chemin sinueux à cause de ses blessures d'enfant, il n’exprime jamais de rancœur, et il vit par ailleurs de nombreuses et incroyables aventures.
Le réalisateur Robert Zemeckis (à qui l’on doit Retour vers le futur, Seul au monde, et plus récemment Flight et The Walk) a en effet décidé de faire tourner le monde autour de son personnage humble et bienveillant, témoin vivant de l’histoire. Il nous montre un univers dans lequel Forrest a inspiré Elvis Presley, rencontré plusieurs présidents américains, combattu avec honneur au Viêt Nam puis croisé les Blacks Panthers, et bien plus encore. Qui s’intéresse au 20ème siècle trouvera forcément un intérêt à ce film.
Pour mon plus grand plaisir, le sport a une place importante dans la vie de Forrest puisqu’il court, joue au football américain puis au tennis de table au plus haut niveau, cela lui permet même de se construire, de trouver l’assurance qui lui manquait.
La gloire qu’il acquiert n’altère en rien la simplicité de ses relations, avec sa mère à qui il doit tout puis à ses amis Bubba et Dan. Si Bubba est l’alter égo parfait de Forrest, le lieutenant Dan est à priori son exact opposé, la vie les réunie cependant et c’est ensemble qu’ils affrontent les épreuves difficiles et partagent les moments de joie. Devant Forrest Gump, on pleure et on rit, on retient les dialogues pleins de tendresse, de simplicité et de bon sens, et on savoure la musique du film qui en plus d’un thème original composé par Alan Silvestri nous propose les plus grandes chansons pop-rock des années 60 et 70.
Diffusés tels quels ou chantés par Jenny, l'on peut entendre une trentaine de morceaux cultes des années 60 et 70 dans Forrest Gump; Joan Baez, Elvis, les Beach Boys, Lynyrd Skynyrd et tous les autres sont de la partie
Le monde a changé depuis 1994, la révolution numérique, internet et certains événements comme le 11 septembre 2001 faisant rentrer nos sociétés dans une nouvelle ère.
Ces évolutions ont durant un temps donné des idées aux studios hollywoodiens qui auraient bien vu Forrest revenir sur le devant de la scène par le prisme des attentats de New York. Heureusement d’après moi, l’idée d'une suite n’a pas été concrétisée jusqu’à présent, Robert Zemeckis évoquant les tours jumelles avec pudeur et poésie dans un autre film, The Walk, sorti en 2015. Mises à part quelques tenues vestimentaires portées par les personnages, Forrest Gump n’a pas vieilli et la boucle est bouclée après la mort de Jenny et le départ à l’école du fils Gump. Une fin paradoxale mais parfaite, à la fois dramatique, dure, belle et pleine d’espoir…à l’image de notre passage ici-bas.
Alexandre