La France vaincue à domicile par le Portugal en finale de l’Euro. C’est un événement qu’il a fallu digérer et accepter, presque 10 ans jour pour jour après la finale de la coupe du monde 2006 perdue par les Bleus contre l’Italie. Si la fin de la compétition laisse un goût amer aux supporters français, j’ai durant un mois - avec un camarade - vécu un Euro riche en émotions et en rencontres dont je souhaite vous faire part aujourd’hui.
A tout seigneur, tout honneur, c’est à Lens que nous assistons à notre premier match. Le stade Bollaert, antre de mon RC Lens chéri, accueillait le match du groupe A (celui de la France) entre la Suisse et l’Albanie. Pas une affiche de rêve sur le papier, mais finalement une mise en bouche très agréable.
Dans les tribunes, entre 5 et 10 000 Suisses, déjà très jovials un peu plus tôt dans les rues de la ville. En face, près de 15 000 Albanais pour leur première participation à une phase finale de compétition internationale. Equipés, pour beaucoup, d’un drapeau de leur pays et d’un chapeau traditionnel, ils sont déchaînés à la manière des supporters turcs ou grecs, tout en étant sympathiques, à l’image de mon voisin, avec qui j’échange quelques commentaires en anglais et qui offre des clopes à mon pote.
Le tifo albanais représentant le drapeau de leur pays
Albanais et Suisses posent côte à côte
Pas le temps de traîner dans le Pas-de-Calais puisque dès le lendemain, nous avons un match de prévu au Parc des Princes, un match chaud bouillant entre la Croatie et la Turquie.
Aux abords du stade, beaucoup de voitures de police et de contrôles, mais aussi des supporters des deux pays, de la bière, et pas d’incident majeur. Organisation à revoir cependant, puisqu’on se fait balader d’un bout à l’autre du Parc par les stadiers, on arrive finalement au meilleur endroit possible, au cœur de la tribune réservée aux supporters croates, au niveau supérieur de la tribune Boulogne. Nos voisins remarquent vite que nous sommes français, on échange comme on peut, on plaisante, et en quelques minutes nous voilà adoptés et rhabillés aux couleurs de la Croatie pour suivre la rencontre. Sous l’impulsion de Luka Modric, les Croates dominent les débats et le joueur du Real Madrid inscrit même un superbe but juste avant la mi-temps, faisant exploser de joie la tribune.
Aucun but marqué en deuxième mi-temps, les fans turcs déchantent tandis que les Croates peuvent finalement fêter la victoire avec leurs joueurs. On prend de notre côté une photo avec nos nouveaux amis pour immortaliser le moment. Venus de Francfort, certains d’entre eux repartent dans la foulée, tandis que d’autres restent en France pour assister au prochain match de leur sélection nationale.
Le 16 juin, la Pologne défie l’Allemagne au Stade de France pour l’un des chocs du premier tour. Beaucoup d’ambiance mais pas de but, je rencontre de mon côté un ami aux alentours du stade…sacré hasard !
Retour à Lens la semaine suivante ! La République Tchèque et la Turquie disputent leur dernier match de poule et vont tenter de gagner pour espérer décrocher la 3ème place du groupe, pouvant potentiellement les qualifier pour le tour suivant. Avant le match, on rencontre et partage quelques mots avec Patrick Barul, ancien joueur du RC Lens. Au stade Bollaert, on rencontre une véritable marée rouge. Au moins 20 000 Turcs déchaînés sont là pour pousser leur équipe vers la victoire, ils resteront debout durant toute la rencontre, certains allument des fumigènes, tous chantent, et le succès 2-0 des leurs accentue encore le délire général… impressionnant !
Certains sont tout de même inquiétants en chantant quelque chose ressemblant à « allah bismillah allahu ekber ».
Au retour de Lens, en covoiturage, nous sommes avec des fans de foot : un supporter lillois très sympathique (comme quoi ! J) et deux Turcs venus d’Istanbul, l’un supporte le Besiktas, l’autre supporte Galatasaray, mais ils sont potes !
Ambiance énorme mais très différente le lendemain à Lille à l’occasion du match entre l’Irlande et l’Italie ! Cela commence tôt dans la journée dans les rues de Lille, complètement envahies par les supporters irlandais. Bonne humeur, chants, bières, matchs de foot… les Celtes s’occupent comme ils peuvent ! Je discute avec plusieurs d’entre eux, ils ne semblent pas trop rancuniers de la fameuse main de Thierry Henry en 2009 !
Quelques heures plus tard, au stade Pierre Mauroy, les travées sont largement aux couleurs vertes de l’Irlande. De mon côté, je suis seul cette fois, et en m’asseyant au hasard me retrouve à côté d’un allemand. J’occupe la place de son frère, qu’il a perdu de vue depuis plusieurs dizaines de minutes. On en profite donc pour parler foot, j’évoque le RCL, tandis que lui me montre son tatouage du blason du Borussia Dortmund sur la jambe. Tatoué, costaud, rasé, il fait flipper, mais est finalement très sympa, et m’annonce qu’en tant que catholique il soutient l’Irlande, ça tombe bien, moi aussi ! Il retrouve enfin son frère à la mi-temps, et moi je retrouve ma place pour assister à la victoire inattendue mais méritée de l’Irlande grâce à un but marqué en fin de match.
Croatie-Portugal en huitième de finale à Lens, superbe sur le papier, horrible sur la pelouse. Pas grand-chose à retenir de l’un des pires matchs de l’Euro. En tant qu’amateurs de foot, on est quand même content d’avoir vu Cristiano Ronaldo en chair et en os, mais la déception prédomine après l’élimination de nos chouchous croates.
Ronaldo et ses coéquipiers s'échauffent sur la pelouse du Stade Bollaert
Grand moment le 26 juin ! Nous avons en effet rendez-vous au Stade des Lumières de Lyon pour le huitième de finale entre l’Equipe de France et l’Irlande. L’avant-match est l’occasion pour moi de revoir les festifs irlandais, qui cette fois chantent dans le tramway reliant Lyon à Décines, commune où est construit le stade flambant neuf de l’Olympique Lyonnais.
De l’intérieur, l’enceinte de 60 000 places est à mes yeux l’une des plus belles de France, c’est un vrai stade de foot, les spectateurs sont proches du terrain et la caisse de résonance de la toiture est parfaite pour l’ambiance.
Les Irlandais surprennent les Bleus en marquant sur pénalty en début de match, mais Antoine Griezmann inscrit deux buts en deuxième mi-temps et offre la qualification à la France, devant un stade conquis. A la sortie, on rencontre William Gallas, ancien joueur des Bleus, qui pose avec plaisir avec les supporters français.
L'ambiance sur le but irlandais
Pas de rencontre ou d’anecdote particulière lors du match suivant, qui demeurera cependant l’un des plus beaux si ce n’est le plus beau que l’on aura vu durant la compétition. L’Italie bat l’Espagne 2-0, et sur la pelouse nous voyons un paquet de légendes : Buffon dans les buts italiens bien sûr, mais aussi Casillas durant l’échauffement espagnol, ainsi que ses compatriotes champions du monde Iniesta, Ramos, Pique… ne manquait que Shakira !
Buffon, une légende au Stade de France
Changement de contexte pour la rencontre suivante. C’est dans un restaurant portugais de Paris que nous suivons le quart de finale entre la Pologne et le Portugal. Tout le monde - serveurs et clients - vibre bien sûr pour Ronaldo et ses partenaires… tout le monde sauf moi ! Tant pis pour ma pomme, ce sont bien les Lusitaniens qui l’emportent aux tirs aux buts dans un immense vacarme qui se poursuit dans le métro parisien ! Dans la rue, je partage la peine d’un fan polonais, en chantant avec lui à la gloire de son pays, auteur d’un beau parcours malgré tout.
Place à l’Islande pour conclure cet Euro vécu dans les stades français ! La sélection nordique, qui aura marqué de son empreinte l’Euro 2016, s’est qualifiée pour ce tour en éliminant l’Angleterre. Son public nombreux et fidèle l’a suivi jusqu’à Saint Denis. Si la France l’emporte largement 5 buts à 2, les supporters islandais font chanter le Stade et le pays quitte la compétition avec les honneurs. De notre côté, nous sommes assis à quelques mètres des plateaux de télévision français, on en profite pour échanger rapidement via twitter avec la belle Carine Galli !
Le fameux clapping des supporters islandais, très apprécié des supporters français
Nous vivrons la fin de la compétition comme tout le monde, devant la télé, entre amis, à partager les verres et la déception… mais l’Euro 2016 aura toujours une place particulière dans nos mémoires, nous avons eu la chance de vivre de grands moments de football et de fraterniser comme jamais avec d’autres Européens.
Alexandre