En quelques semaines, deux films « super héroïques » très attendus ont débarqué sur les écrans. Batman vs Superman : L'Aube de la justice pour commencer, puis Captain America : Civil War dans la foulée. En plus de rivaliser dans la course aux dollars, on remarque surtout les stratégies opposées des studios hollywoodiens propriétaires des licences DC Comics et Marvel.
DC Comics se lance dans la bataille
Batman et Superman sont probablement les deux super héros les plus célèbres. De nombreux films et séries -plus ou moins réussis- ont déjà conté les histoires de ces personnages, avec des acteurs charismatiques (Michael Keaton et Christian Bale dans le rôle de l’homme chauve-souris, Christopher Reeve dans celui du fils de Krypton). La série animée Batman diffusée dans les années 90 est aussi une référence majeure.
Un générique mythique pour les enfants des années 90 !
Batman vs Superman : L’Aube de la justice, sorti le 23 mars dernier, est donc la suite de Man of Steel, sorti en juin 2013.
L’annonce de la rencontre et de l’affrontement entre les deux héros suscitait beaucoup d’excitation. Warner Bros, producteur du film, n’avait pas le droit à l’échec.
Il faut dire que Man of Steel, s’il avait permis de récolter près de 668 millions de dollars à travers le monde au box-office (véritable baromètre de l’industrie du cinéma aux Etats-Unis), avait reçu un accueil mitigé. Quelques éléments scénaristiques maladroits et une surenchère d’effets spéciaux dans la scène de « la bataille de Metropolis » avaient en effet surpris ou déçu de nombreux fans. L’attente était pourtant à son apogée après la diffusion d’une bande annonce somptueuse (l’une des plus réussies que j’ai pu voir) et à cause/grâce à la trilogie The Dark Knigt de Christophe Nolan, qui venait de s’achever et avait fait l’unanimité.
La fameuse bande annonce de Man of Steel
Dans sa trilogie Batman, le réalisateur anglo-américain avait su innover tout en gardant l’essence des personnages et de la ville de Gotham, fief des maniaques, des bandits et des criminels les plus instables. La prestation du regretté Heath Ledger, interprète du Joker dans le 2ème opus, avait marqué les esprits et lui avait valu un Oscar posthume de Meilleur Acteur. La bande originale, signée Hans Zimmer, était elle aussi rapidement rentrée dans la légende du cinéma.
Encore un classique signé Hans Zimmer; le maestro dirigie également la musique de L'Aube de la Justice
L’un des plus gros défis du nouveau film était donc de présenter un Batman différent et convaincant. Le choix de Ben Affleck pour reprendre le rôle a fait couler beaucoup d’encre. L’acteur (également devenu réalisateur) vu dans les excellents Armageddon, Pearl Harbor et Argo, personnifiait aussi l’échec du film super-héroïque Daredevil, sorti en 2003. C’était donc un pari osé : un pari largement réussi à mon sens !
Le nouveau Batman est un monstre physique, sombre et sans pitié, à l’image de ce que l’on peut voir dans certains comics (bandes dessinées) et dans la dernière série de jeux-vidéo dont il fait l’objet.
Ben Affleck a fait (beaucoup) de sport pour endosser le costume de Batman
On le découvre plus âgé que d’ordinaire –une quarantaine d’années- et avec déjà 20 ans « d’activités » derrière lui. On replonge dans la bataille de Metropolis du premier film, avec le point de vu de Bruce Wayne. L’homme est impuissant face aux Kryptoniens et ne peut empêcher la mort d’innocents lorsque les immeubles de la ville s’écroulent. C’est un véritable déclic : son obsession sera désormais de se préparer à affronter les dangers extra-terrestres, y compris Superman, du côté du bien pour le moment mais une menace potentielle pour l’humanité.
Superman, lui, a acquis un statut de dieu vivant. Beaucoup l’encensent et espèrent son secours, d’autres le craignent et souhaitent qu’il soit contrôlé. Une situation tendue dont va profiter le jeune Lex Luthor. Loin de l’homme expérimenté et chauve dont on a l’habitude, Luthor est ici joué par Jesse Eisenberg (Bienvenue à Zombieland, The Social Network) et commence à peine ses manigances. C’est la performance la plus contestée du film, certains jugeant Eisenberg trop caricatural et maniéré. S’il est vrai qu’il parait davantage psychopathe que machiavélique, dans un style semblable à celui du Joker, il ne me déplaît pas. Son plan, visant à faire s’entre-tuer Batman et Superman, est brillamment orchestré et fait office de trame principale du film.
Superman découvre un Lex Luthor plus jeune et fou que jamais !
DC persévère -à ma grande satisfaction- à donner un ton sombre à ses films. En plus de l’ambiance visuelle obscure, les événements vont également dans ce sens : Ni Batman, ni Superman ni le spectateur ne sont pas là pour rigoler.
Finalement, mon principal regret est de voir l’affrontement entre les deux héros être trop rapidement expédié. On savoure à peine cette scène jouissive et déjà culte que les deux hommes se retournent contre leur(s) ennemi(s) commun(s)…leur réconciliation aurait pu attendre un prochain film !
Et Wonder Woman me direz-vous ? La belle amazone, jouée par l’ancienne miss israélienne Gal Gadot, est électrique, à l’image de la musique qui accompagne ses apparitions ! C’est en cherchant incognito à récupérer un dossier personnel chez Lex Luthor qu’elle fait la connaissance de Bruce Wayne lors d’une réunion publique, les deux personnages découvrent vite la réelle identité de leur vis-à-vis et se retrouvent côte à côte pour la bataille finale face à la créature de Luthor : Doomsday. Wonder Woman est surhumaine et le prouve, ses pouvoirs n’ont pas grand-chose à envier à ceux de Supeman.
Gal Gadot (Wonder Woman) lors de la tournée promotionnelle du film
Si elle est moins à l’écran que ses deux compères, la super héroïne n’en a pas moins un rôle important dans le film. Plus que la réunion entre Batman et Superman, fantasmée depuis longtemps et presque inéluctable (rappelez-vous de l’affiche fictive Batman/Superman vue en arrière-plan dans une scène de Je suis une légende avec Will Smith), la présence de Wonder Woman établi définitivement la stratégie de Warner Bros avec la licence DC Comics : ils présenteront l’équipe avant de présenter les individualités. En plus de l’amazone, trois autres héros sont (maladroitement, pour le coup) introduits dans cette Aube de la Justice : Flash, Aquaman et le Cyborg, qui, au même titre que Wonder Woman, auront chacun droit à un film en solo ces prochaines années, après avoir combattu auprès de leurs alliés dans Justice League (Novembre 2017).
Les membres de la Justice League: prochainement tous au cinéma
Le Batman de Ben Affleck devrait également connaître de nouvelles aventures en solitaire, et pourrait même apparaître dans Suicide Squad, le prochain film DC, au cinéma en août prochain. La Suicide Squad est l’équivalent diabolique de la Justice League, composée notamment de la charmeuse Harley Quinn, amante du Joker, qui sera lui aussi présent sous les traits de Jared Leto. Là encore, le studio a préféré réunir une équipe plutôt que de présenter un ou deux personnages.
Marvel Universe: un plan bien ficelé
C’est une toute autre stratégie qu’ont adopté les films de l’univers Marvel depuis 8 ans.
Lancée par Iron Man en 2008, avant que Hulk, Thor, Captain America et Ant Man ne suivent le mouvement, Marvel présente généralement un personnage clé dans un film avant de l’introduire dans un long métrage où il retrouve l’équipe des Avengers. Quelques un font exception lorsque l’intrigue ou l’argent l’exige. Spiderman, anciennement propriété de Sony, est désormais entre les mains des studios Marvel (eux-mêmes propriété de la Walt Disney Company), et l’homme araignée apparaît donc rebooté (recréé/réinventé) pour la première fois dans ce Captain America : Cival War. Black Panther, lui, fait une entrée remarquée. Fils du Roi du Wakanda, favorable au traité proposé aux Avengers, il lui succède à sa mort et cherche à le venger. La plupart des Avengers que l'on connaissait déjà sont de retour dans le film, à l’exception de Thor et de Hulk.
Il s’agit à la fois d’une suite à Captain America 2 : Le soldat de l’hiver et à Avengers 2 : l’ère d’Ultron.
Les événements d’Avengers 2 entraînent en effet de graves conséquences pour l’équipe héroïque. Au cœur de graves incidents ayant frappé la Terre, l’Organisation des Nations Unies exige qu’elle soit mise sous leur tutelle. Cette contrainte va diviser le groupe : Pour Captain/Steve Rogers, qui bénéfice du soutien du Faucon, de la Sorcière Rouge, de Ant Man et de Hawkeye, ce serait se mettre au service d’une puissance défendant ses propres intérêts. Tony Stark/Iron Man, suivi par la Vision, War Machine, Black Panther et la Veuve Noire, voit en cette solution un bon compromis pour pouvoir continuer à agir.
Lorsque le soldat de l’hiver, dont Captain a découvert la réelle identité, est accusé d’avoir commis un nouveau massacre, le conflit s’intensifie. Le soldat de l’hiver n’est autre que Bucky Barnes, ami de Steve Rogers lors de la seconde guerre mondiale (pour rappel, Captain America est né pendant ce conflit avant de passer plusieurs dizaines d'années prisonnier d'un bloc de glace). Déclaré mort, Bucky avait été récupéré et lobotomisé pour devenir une machine à tuer: le soldat de l'hiver. Sur le chemin de la rédemption, il reçoit le soutien de son ancien camarade.
Bucky Barnes, "le soldat de l'hiver", aux côtés de son ami Steve Rogers (Captain America)
Opposés sur deux questions majeures, Captain et Iron Man appellent donc leurs alliés respectifs pour le grand combat. Spiderman -beaucoup plus jeune que dans les versions de Tobey Maguire et d’Andrew Garfield- rejoint Tony Stark, probable promesse d’une future collaboration entre eux deux.
Le combat a donc lieu sur le tarmac d’un aéroport, et pour de nombreux amateurs, il s’agit tout simplement de la meilleure scène de la saga. Elle réunit tous les ingrédients ayant fait le succès des précédents films : action, super pouvoirs, spectacle, humour. Ce ton humoristique des films Marvel est l’un des aspects qui les différencient le plus des films DC et fait souvent pencher la balance d’un côté ou de l’autre selon les gouts. Si je ne suis pas insensible aux bons mots, Marvel exagère parfois comme dans Ant-Man, sorti en 2015, et dans Les Gardiens de la Galaxie sorti en 2014. J’ai tendance à préférer les histoires plus noires et dramatiques.
La conclusion dramatique, nous aurions pu la trouver dans ce Captain America : Civil War. Hélas, les scénaristes en ont décidé autrement, tout le monde survit et l’on sait presque au vu de la fin du film que les querelles entre les héros resteront sans suite. Tuer l’un de deux chefs, Stark ou Rogers, aurait été osé et aurait laissé des séquelles dans l’esprit des autres Avengers pour la suite de leurs aventures, ce ne sera pas le cas.
Civil War n’en reste pas moins un bon film, meilleur que le trop brouillon Avengers 2. Comme dans les des deux précédents épisodes se focalisant sur Captain America, l’intrigue est plus sérieuse et captivante qu’à l’accoutumée. Je suis d’ailleurs toujours sous le charme de la belle Hayley Atwell, amante de Rogers dans le 1er opus, et dont l’influence sur lui n’est pas tout à fait retombée…vous en saurez-plus en allant voir le film !
L'agent Carter est jouée par la belle Hayley Atwell dans le premier Captain America, une série tv lui est même consacrée
La guerre des super héros continue !
Warner Bros (DC Comics) et Disney (Marvel) se livrent donc une guerre sans merci. L’univers cinématographique Marvel, en construction depuis plus longtemps, a pris plusieurs longueurs d’avance sur son concurrent auprès du public. Celle qu’on appelle « la maison des idées » a su imposer son style par des personnages branchés, costauds et drôles. Mais avec les deux personnages les plus célèbres, Batman et Superman, DC n’a pas dit son dernier mot. 2016 restera quoi qu'il en soit comme une année phare pour les amateurs de films super-héroïques, car en plus des films évoqués précédemment, rappelons en effet que Deadpool (sorti en février) a dépassé toutes les attentes avec son style décalé/comique/grossier inédit, et que X-Men Apocalypse et Docteur Strange débarqueront dans les salles en Mai et en Novembre. Ouf !
Alexandre