Istanbul, 25 mai 2005, 21h45 environ.
La première mi-temps de la finale de la ligue des champions s’achève, les dizaines de milliers de supporters de Liverpool qui ont fait le déplacement en Turquie sont sous le choc : leur équipe bien aimée est menée 3-0 à la pause par le Milan AC de Carlo Ancelotti. Paolo Maldini et Hernan Crespo par deux fois sont les buteurs.
Est-ce la fin douloureuse d’un parcours jusque-là presque parfait ?
En demi-finale, les hommes de Rafael Benitez avaient en effet sorti l’ogre Chelsea, construit à coup de centaines de millions d’euros en quelques années par le milliardaire russe Roman Abramovitch. Un but litigieux de l’espagnol Luis Garcia fait la différence lors du match retour, propulsant Liverpool en finale pour la première fois depuis 20 ans et la terrible finale du Heysel perdue contre la Juventus de Turin… Souvenir on ne peut plus douloureux, ce jour-là des hooligans anglais provoquèrent un mouvement de foule dans la tribune réservée aux italiens. 39 victimes furent à déplorer.
La « Juve », ce fut justement l’adversaire lors du tour précédent. Les 5 et 13 avril, les Scousers (surnom des habitants de Liverpool) purent demander pardon et marquer leur solidarité avec les victimes de l’époque. Des excuses pas vraiment acceptés par les Turinois, toujours meurtris par la catastrophe du Heysel.
Sur la pelouse, la confrontation est somptueuse, ponctuée par un but venu d’ailleurs inscrit par Luis Garcia –encore lui- lors du match aller à Anfield.
Alors, après un tel parcours, cette finale contre un autre club italien peut-elle finir sur une fausse note ?
Non, pas aux yeux des supporters. A la reprise, ils entonnent ainsi leur chanson mythique « You’ll Never Walk Alone » (« tu ne marcheras jamais seul ») et font se dresser les poils des amateurs de foot du monde entier. Aux yeux de Steven Gerrard non plus, la messe n’est pas dite. Pour le capitaine anglais, la mi-temps fut l’occasion de remobiliser ses troupes. Un but marqué rapidement pourrait bien relancer le match…
Aux paroles suivent les actes : A la 54ème minute, Gerrard saute plus haut que Stam et trompe le gardien brésilien Dida de la tête.
Deux minutes plus tard, un héros inattendu sort de l’ombre. Vladimir Smicer, ancien joueur du RC Lens, rentré en cours de jeu après la blessure de Kewell, décoche une frappe aux 20 mètres à ras de terre. But ! Les « rossoneri » ne mènent plus que 3 à 2.
Smicer fête son but devant Gerrard, Maldini commence à trembler !
Et les malheurs des italiens ne s’arrêtent pas là, quatre minutes plus tard : Pénalty ! Xabi Alonso le tire, le rate, mais reprend le ballon dans la foulée. Incroyable, les deux équipes en sont désormais à 3 buts partout à la 60ème minute !
Plus rien n’est marqué durant le temps réglementaire, l’on doit maintenant passer pas les prolongations. Le climat est insoutenable, mais le gardien polonais de Liverpool veille. Une mise en bouche avant l’exercice des tirs aux buts, qui va conclure la partie, et dont il va être le héros.
Jouissant d’une réputation moyenne, Dudek va durant l’espace de quelques minutes tutoyer les sommets : il repousse coup sur coup les tentatives de Serginho et de Pirlo. Riise rate aussi pour Liverpool. L’ancien ballon d’or Andreï Schevchenko s’avance, il doit marquer pour maintenir l’espoir dans le camp milanais. Mais Dudek, encore lui, repousse son tir avec fermeté, c’est terminé, Liverpool est champion d’Europe !
Les célébrations sont à l’image du scénario de la rencontre : superbes et émouvantes. Pour une fois, les larmes coulent plus que la bière dans les rangs anglais !
Le clip de la finale...frissons garantis !
10 ans après, ce match reste dans tous les esprits. Pour beaucoup, il s’agit tout simplement de la plus belle finale de ligue des champions de l'histoire. L’on se souvient moins de la finale de 2007, qui fut office de revanche, Liverpool et Milan se retrouvant cette fois encore en finale. Ce jour-là, les italiens l’emportèrent 2 buts à 1.
En 2006, c’est en Coupe d’Angleterre qu’un vent de folie gagna à nouveau les Reds. Malmenés par West Ham, deux buts de Gerrard en fin de match permirent à son équipe d’égaliser et d’aller disputer une nouvelle séance de tirs aux buts. Avec succès cette fois encore !
Nouveau match fou pour Liverpool
Si Steven Gerrard fut au cœur de ces rencontres, il fut aussi concerné malgré lui par un autre évènement majeur de l’histoire du Liverpool Football Club. Le 15 avril 1989, 96 supporters des Reds sont tués dans le stade de Hillsborough suite à un mouvement de foule. Un cousin de Steven est parmi eux.
En 2012, un rapport indique que les supporters ne sont pas responsables de la tragédie et jette le discrédit sur les forces de l’ordre. Comme un symbole, Gerrard marque un but le lendemain de cette nouvelle, réalisation qu’il dédie bien sûr aux victimes.
Le but le plus émouvant de la carrière de Steven Gerrard
En 2013/2014, Liverpool lutte pour le titre. A quelques journées de la fin, les Reds reçoivent Chelsea. Suite à une glissade de Gerrard, les Blues ouvrent le score. Ils l’emportent finalement 2-0 à Anfield. Le club ne se remettra pas de cette défaite et de la terrible chute de leur capitaine. La semaine suivante, ils subissent un scénario qu’ils avaient plutôt l’habitude d’infliger : Crystal Palace remonte un retard de trois buts et balaye les derniers espoirs de titre. Gerrard ne sera vraisemblablement jamais champion d’Angleterre.
En janvier 2015, le capitaine emblématique annonce qu’il quittera le club en fin de saison pour rejoindre le championnat des Etats-Unis, et plus précisément le Los Angeles Galaxy, ancien club de David Beckham.
Si sportivement, l’histoire se termine malheureusement par deux fausses notes, une défaite 3-1 à domicile contre Crystal Palace (décidément !) et une gifle 6-1 ( !) reçue à Stoke City, «Steve G » marque un dernier but pour ses couleurs et est salué comme il se doit par ses supporters.
Haie d’honneur et chant à la gloire de Steven lors de son dernier match à Anfield
Des images qui démontrent qu’à Liverpool ou ailleurs, Steven Gerrard ne marchera jamais seul.
Alexandre