37ème match, 17ème défaite : ce 4 mai, le Racing Club de Lens a ajouté une pierre de taille au mur de la honte que représente sa saison 2017/2018. Plusieurs centaines de ses supporters avaient pourtant à nouveau fait le déplacement pour le suivre au Stade de la Vallée du Cher, à Tours.
Vendredi 4 mai 2018. Sur les coups de 22h30, quelques sifflets se font entendre dans la tribune « visiteurs » du Stade de la Vallée du Cher, à Tours. Le RC Lens vient de s’incliner honteusement 4 buts à 2 chez la lanterne rouge du classement de Ligue 2, déjà condamnée à la relégation, qui n’avait jusqu’à présent remporté que 4 rencontres et marqué 20 petits buts. Les Sang et Or, eux, avaient assuré leur maintien une semaine plus tôt grâce à un succès 1-0 obtenu contre le Paris FC.
Pourtant, les 300 fans lensois ne sifflent pas ce nouvel échec, ni la performance honteuse de leur équipe. Non, ils y sont habitués. Habitués aux errements défensifs de Cvetinovic et compagnie, aux ratés de Fortuné, aux centres au troisième poteau de Duplus, à l’agressivité destructrice de Diarra, aux corners gâchés…
Ils attendent avec philosophie –et un brin d’humour- que leurs « champions » finissent la saison et quittent l’Artois pour de bon, affichant juste une banderole indiquant qu’ils sont là « seulement pour le blason ». D’ailleurs, ils ont chanté durant tout le match, agité les drapeaux, prouvé leur fidélité « dans le malheur ou la gloire », et, même si ce n’était pas l’objectif, émerveillé une fois encore le public local. Présent dans une autre tribune, au milieu des tourangeaux, j’ai en effet pu entendre les louanges sur ce « public de fou » et les applaudissements après que « Les Corons » aient retentis.
Une lueur dans la nuit tourangelle : malgré la nouvelle déroute de leur équipe, les 300 supporters lensois entonnent les Corons et émerveillent le stade de la Vallée du Cher
Non, ils expriment simplement leur frustration, voyant que seulement deux joueurs leur font un petit geste. Jérémy Vachoux et Cristian Lopez se tournent en effet vers eux et les saluent avant de rejoindre leurs coéquipiers. Ce n’est certainement pas suffisant, mais la même chose de la part de tous aurait été remarquée. Oui, ils se seraient peut-être pris quelques bras d’honneur, quelques remarques, mais ils auraient alors eu l’occasion d’assumer leurs responsabilités. Ils auraient même pu mesurer leur chance, d’une part, de voir que des centaines de gens sont une fois de plus venus les suivre à l’autre bout du pays, et, d’autre part, en réalisant que, dans d’autres pays, les fans les plus décidés font retirer leur maillot aux joueurs souillant le blason de leur club de cœur.
Hélas, ce manque de caractère n’a pas été comblé par Eric Sikora, qui, avant le match, avait pourtant affirmé que son équipe ne venait pas faire du tourisme. Après la partie, interrogé par des journalistes sur un possible manque de fierté, il demandait à ces derniers de poser directement la question à aux joueurs pour les mettre « devant leurs responsabilités ».
Mettre les joueurs devant leurs responsabilités était pourtant l’une des tâches d’Eric Sikora, cette réponse est donc un nouvel aveu d’impuissance de la part de celui qui demeurera la légende du club pour son parcours intégralement effectué à Lens, mais qui aura rapidement démontré ses limites en tant qu’entraîneur. Il n’aura jamais su donner un style de jeu, ni tenu de discours fédérateur, en étant en plus bien souvent à côté de la plaque sur ses analyses, voyant « du bon » et « des choses intéressantes de la part des garçons » là où il n’y avait au mieux que du passable ou du médiocre. Bien trop permissif et optimiste, il semble avoir hérité des défauts de son ancien président Gervais Martel, autre icône du club ayant fait quelques années de trop, et roi de l’excuse bidon depuis 10 ans et la relégation sportivement catastrophique de 2008.
Le RC Lens, risée du football français en cette saison 2017/2018, régulièrement ciblé -à juste titre- par la page parodique "Fédération Française de la Lose"
La saison 2017/2018 s’achèvera dans quelques jours, mais on peut d’ores et déjà affirmer qu’il s’agit de l’une des pires –si ce n’est la pire- de la longue histoire du RC Lens. L’ambition d’une remontée s’est transformée en fiasco, avec 7 défaites pour commencer, une humiliation en coupe de France face aux Herbiers alors qu’une place en demi-finale voire en finale tendait les bras au club, 8 défaites à domicile, une gestion catastrophique de l’effectif –que ce soit lors des mercatos ou le traitement de certains cas individuels-, et, en plus, un nombre incalculable d’événements extra-sportifs. Lors de cette saison, le RC Lens était pourri jusqu’à la moelle.
Le football moderne n’est plus adapté aux valeurs portées par le RC Lens depuis 1906. Les joueurs ne connaissent pas la région, ne connaissent pas les gens, leurs difficultés, et ne partagent en rien leur quotidien, si ce n’est peut-être quelques boites de nuits et bars à chichas. La « starification » des footballeurs est extrêmement précoce, les jeunes en formation ont, par exemple, tous déjà un compte Twitter très suivi et s’imaginent un destin prestigieux dès que leur nom commence à être cité par deux ou trois gazettes, et trois ou quatre sites internet.
En 2014, David Faupala, joueur de la réserve du RC Lens, pariait sur la victoire du LOSC dans le derby et s'en vantait sur Twitter. Preuve que les problèmes ne datent pas d'hier et du danger des réseaux sociaux. (source et capture d'écran: https://france3-regions.francetvinfo.fr/hauts-de-france/2014/12/08/rc-lens-un-jeune-joueur-du-club-parie-sur-la-victoire-du-losc-et-s-en-vante-sur-twitter-608530.html )
Ce constat n’est pas plus une critique des joueurs que du système médiatique actuel, où certains journalistes des grandes chaînes lèchent les bottes des footballeurs quoi qu’il fasse pour s’attirer leurs faveurs ou assurer leur places (je pense notamment au présentateur vedette du « Canal Football Club ») et auquel nous participons tous ou presque via les réseaux sociaux.
Ce constat n’empêche pas non plus certains footballeurs de démontrer une qualité essentielle, que ce soit dans les plus grands clubs du monde en ou Ligue 2 : le professionnalisme.
Cristian Lopez est devenu l’idole du public lensois par sa combativité, sa volonté de ne jamais abandonner, sa disponibilité, bref, son professionnalisme. Son geste vers les supporters, à Tours, en est un bon exemple. Certains le soupçonnent d’être davantage un bon communiquant qu’un amoureux sincère du RCL. Peut-être, et alors ? Quand même bien il s’agirait d’une stratégie de sa part, cela lui fait avoir le comportement adéquat auprès de ses coéquipiers –toujours un mot sympa envers eux-, de ses coachs –il a soutenu Alain Casanova jusqu’au bout et n’a jamais pesté dans la presse contre les choix d’Eric Sikora lui étant pourtant défavorables- et des supporters, en allant régulièrement à leur rencontre.
Nous ne pourrons plus retrouver un RC Lens professionnel « à l’ancienne », le monde a changé, les modes, les moyens de communication et le football ont évolué, mais nous pouvons demander -pour ne pas dire que nous devons exiger- des professionnels irréprochables. Oui, irréprochables, comme chacun d’entre nous doit l’être dans son travail sous peine de sanctions voire de licenciements.
Comment avons-nous pu accepter de voir le club s’humilier en réclamant la rétrogradation de l’Amiens SC pour espérer lui prendre sa place en L1, alors que le club picard fut le seul à avoir accepter de nous louer son stade lorsque nous en avions besoin lors de la saison 2014/2015 ?
L'été dernier, le RCL a tenté de faire sanctionner Amiens, seul club ayant pourtant accepté de lui louer son stade lors de la saison 2014/2015, quand Bollaert était en travaux : une insulte au football et une souillure du blason Sang et Or
Comment avons-nous pu accepter les transferts on ne peut plus louches de l’été dernier, notamment celui de Moussa Maazou, acheté à l’AC Ajaccio pour plus d’un million d’euros –ce qu’on n’avait plus vu à Lens depuis longtemps- avant de le céder en prêt quelques mois plus tard à…l’AC Ajaccio ?
Comment avons-nous pu accepter de voir le club continuer de payer Nicolas Douchez, sanctionné par la justice et coupable d’avoir un peu plus dégradé l’image du RC Lens ?
Comment avons-nous pu accepter sans broncher ou presque les propos tenus par Abdellah Zoubir ? Comme l’ont rapporté des membres des Red Tigers, celui-ci a tout simplement menacé de mort le public lensois et expliqué se foutre d’une éventuelle descente en National !
Comment avons-nous pu accepter que le club prenne le parti de Zoubir, alors que ses propos n’ont pas été démentis, mais jugés comme étant une simple expression malheureuse et maladroite de sa colère ?
Si tout le groupe professionnel a failli, Nicolas Douchez et Abdellah Zoubir ont atteint l'image du RC Lens et symbolisent le manque de respect du club envers ses supporters : ils ne doivent pas échapper au prochain coup de balais dans l'effectif
Comment avons-nous pu tolérer les nombreuses déclarations attribuant la responsabilité des mauvais résultats à la « pression » que mettraient les supporters du Stade Bollaert ? Malgré la saison catastrophique, ils étaient encore plus de 23 000 de moyenne, 12 000 de plus qu’à Nancy, deuxième de ce classement des affluences, et 14 000 de plus qu’à Reims, pourtant brillant champion. Les parcages visiteurs étaient remplis, les encouragements permanents, plusieurs tifos ont été organisés dont un extraordinaire du KSO, groupe ultra qui fêtait son 25ème anniversaire.
Comment avions-nous pu accepter fin 2016 que le club gâche les festivités du 110ème anniversaire, comme il avait bâclé celles du centenaire ?
Force, fierté, fidélité : le public lensois a des leçons à donner à ses joueurs !
La liste est loin d’être exhaustive, et ne prend en compte que quelques-uns des événements récents, mais, si nous ne pouvons pas revenir en arrière et corriger toutes ces fautes, la nouvelle direction du RC Lens, avec Messieurs Joseph Oughourlian, Arnaud Pouille et Eric Roy, se doit de faire un bilan lucide et complet de cette saison calamiteuse et d’entamer un chantier sérieux et solide, à l’image de ce qu’a pu faire le Stade de Reims l’an passé, avec un mercato bien maîtrisé et rapidement bouclé, une préparation intense, pour un résultat sportif exceptionnel.
Nous ne pouvons plus avoir de « gars de chez nous » nés à Carvin, Liévin ou Courrières, de joueurs « proches du public », de mecs « amoureux de Lens depuis tout petit », soit, mais le professionnalisme implique le respect des gens qui payent pour voir les matchs. L’étincelle, la magie qui fera toujours de Lens un club à part reviendra des tribunes aussitôt que ce respect élémentaire de l’institution et par conséquent notre honneur seront retrouvés.
Les imposteurs doivent donc partir. Ils étaient sur la pelouse et dans les bureaux de la Gaillette, pas dans les tribunes.
Le boycott auquel appellent les supporters pour le dernier match de la saison, vendredi, contre Auxerre, sera une grosse piqure de rappel. Espérons que joueurs, staff et dirigeants fassent profil bas et n’expriment pas leur regret sur l’absence des encouragements. Le temps des encouragements est terminé, l’heure du grand ménage a commencé.
Allez Lens !
Alexandre