Pour Rogue One, premier spin-off de l’univers cinématographique Star Wars, son réalisateur Gareth Edwards (Monsters, Godzilla…) et les responsables des studios Disney avaient annoncé la couleur : ils casseraient les codes habituels de la saga et proposeraient quelque chose de nouveau au public. Une promesse tenue, mais qui par certains aspects va faire débat.
Si nécessaire, le synopsis du film : « Situé entre les épisodes III et IV de la saga Star Wars, ce spin-off raconte comment un commando rebelle se lance dans une mission pour voler les plans de l'Etoile Noire et ramener l'espoir dans la Galaxie ».
Et maintenant, passons aux choses sérieuses…
ATTENTION SPOILERS !
Les défauts:
C’était annoncé, même si un doute subsistait jusqu’au dernier instant : le traditionnel générique de début avec le fameux texte d’introduction défilant dans l’espace est absent de Rogue One. Voilà qui est à mes yeux une première grosse erreur. S’il fallait marquer une différence entre ce spin-off et les épisodes numérotés, ce choix me parait brutal, incohérent, et même desservir le film.
Nous nous retrouvons plongés directement dans l’action, dans un contexte imprécis ; il faudra en effet attendre la fin du film pour voir à quel point nous sommes chronologiquement proches d’Un Nouvel Espoir.
Frustrant enfin (surtout !) de ne pas entendre le thème légendaire composé par John Williams, qui plongeait immédiatement le spectateur dans l’univers de Star Wars. Si j’insiste sur ce point, c’est que l’on retrouvait ce texte défilant sur tous les supports depuis 40 ans, pour –quasiment- chaque jeu vidéo et chaque bande dessinée, sans que cela n’entraîne de confusion dans l’esprit du joueur ou du lecteur, au contraire.
Le générique, un moment important de Star Wars mais absent de Rogue One !
Rogue One commence donc sur un prologue, se déroulant dans l’enfance de la nouvelle héroïne, Jyn Erso. C’est seulement à son issu que le titre du film apparaît à l’écran avec une brève et inédite composition musicale.
Si Le Réveil de la Force manquait quelque peu de nouveaux environnements originaux (planètes, lunes, bases…), Rogue One a le défaut inverse en en présentant une multitude, provoquant un problème de rythme dans la première moitié du film. Preuve ou aveux de ce trop-plein de nouveautés, le nom des planètes apparaît à l’écran, ce qui n’avait jamais été le cas dans un film Star Wars et coupe ainsi à nouveau le spectateur de l’univers qui lui est familier. Notons en plus que le nom d’une planète n’est pas indiqué alors que les connaisseurs attendaient confirmation de ce qu’ils présumaient , celle où l’on retrouve Vador pour la première fois dans Rogue One, qui n’est autre que Mustafar, la planète volcanique où le Seigneur Sith s’était battu contre Obi-Wan Kenobi lors des événements racontés dans l’Episode 3, et où il subit ses graves blessures l’obligeant à porter son iconique masque noir.
L'antre de Vador !
Le problème de rythme n’est pas non plus aidé par la présentation de nombreux nouveaux personnages. Cela transparait cependant beaucoup moins dès le deuxième visionnage, puisqu’ils ne sont plus des inconnus dont on ne sait pas encore quoi attendre.
Enfin, quelques dialogues sont parfois un peu longs ou répétitifs. On note également quelques différences importantes entre la version originale et la version française, cette dernière faisant quelques interprétations maladroites (exemple : quand Vador annonce au directeur Krennic, le nouveau méchant du film, que l’Empire a expliqué l’explosion sur Jedha par « une catastrophe minière », la VF parle d’une « catastrophe naturelle »).
Le directeur Orson Krennic, joué par Ben Mendelsohn, entouré par les death troopers
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Les points forts:
Disney a fait le choix de créer des personnages principaux féminins depuis le rachat de la licence Star Wars. Cela avait commencé dans Le Réveil de la Force avec Rey (jouée par Daisy Ridley), et Rogue One suit le même chemin avec Jyn Erso, interprétée par Felicity Jones (vue dans Une Merveilleuse Histoire du Temps ou encore dans Inferno récemment). Si ce genre de choix idéologique me déplait, force est de constater que ces deux héroïnes sont réussies.
Jyn Erso, comme les autres rebelles, dispose d’une personnalité unique, elle est forte mais émouvante et l’on parvient à s’attacher à elle alors que l’on sait qu’on ne la reverra plus à l’avenir (à moins d’un caméo dans un futur spin-off se déroulant avec Rogue One).
Felicity Jones belle...
...et rebelle !
L’aspect parfois sombre de la rébellion nous est montré pour la première fois, par l’intermédiaire du principal équipier de Jyn, le capitaine Cassian Andor (joué par Diego Luna), qui n’hésite pas à se salir les mains pour ses convictions, et par le biais du Général Draven auprès de qui il prend ses ordres. Cassian est par ailleurs accompagné par un nouveau type de droïde, un modèle impérial reprogrammé nommé K2-SO et qui donne sa touche d’humour au film tout en étant utile dans les opérations militaires. Un personnage qui fait son effet auprès du public, contrairement à un certain Jar Jar Binks en son temps (désolé George !).
Cassian Andor et K-2-SO
L'interprète du Général Draven sera au magasin Pulp's de Paris le 8 janvier 2017
J’expliquais plus tôt que certaines planètes de Rogue One étaient sous-exploitées, ce n’est pas le cas de Jedha qui apporte un véritable plus à la mythologie de Star Wars. Comme le montre une immense statue, il s’agissait du lieu de l’un des premiers temples de l’ordre Jedi, que l’on voit donc pour la première fois à l’écran. C’est aussi de Jedha que provient le cristal Kyber, utilisé pour l’énergie des sabres lasers et convoité par l’Empire pour son arme suprême : l’Etoile de la Mort.
C’est sur cette planète que se cache Saw Gerrera et sa bande de rebelles radicaux. Saw, ami de la famille de Jyn, est joué par le brillant Forest Whitaker. Enfin, Jedha a vu naître trois personnages qui rejoindront l’équipage de Cassian et auront une grande importance : Bodhi Rook, pilote impérial repenti, ainsi qu’un duo d’amis, Chirrut Îmwe et Baze Malbus. Chirrut, bien que non Jedi, croit en la Force et l’invoque régulièrement, tandis que son acolyte croit davantage en son fusil, une arme redoutable. Si j’étais craintif en voyant la première bande annonce qui nous présentait Chirrut, devant ce qui me paraissait être une caricature n’ayant rien à voir avec Star Wars, le personnage est finalement l’un des plus intéressants du film de par sa profondeur spirituelle. Il est LE sage de l’équipe.
Malgré les apparences, Chirrut Îmwe (joué par Donnie Yen) n’est pas un samouraï caricatural mais l’un des personnages les plus profonds de Rogue One
Galen Erso, le père de Jyn, est lui aussi un personnage atypique et tourmenté. La séquence de sa mort est dramatique et est accompagnée par l’un des plus beaux thèmes musicaux du film (la bande originale n’étant pas faite par John Williams mais signée par le compositeur Michael Giacchino). Ce n’est cependant qu’un avant-goût de la dernière partie du film, où l’on assiste à du grand Star Wars.
Galen Erso, joué par le très charismatique Mads Mikkelsen
Comme pour le personnage de Chirrut, la planète tropicale Scarif me laissait dubitatif lors de la campagne promotionnelle du film. Etait-ce un décor bien approprié à cet univers ? C’est pourtant au moment où le petit groupe de rebelles mené par Jyn y débarque que le film passe un cap pour finalement atteindre son apogée dans les dernières minutes. Pour resituer les choses, la planète Scarif accueille une base où sont stockées les données de tous les projets de l’Empire, y compris les plans de l’Etoile de la Mort, que les rebelles cherchent à dérober. La bande de Jyn s’y rend en petit nombre, mais bénéficie rapidement du soutien de toute l’alliance rebelle, nous donnant droit à une double bataille, sur terre, mais également spatiale.
Intensité, émotion, suspens, drames, espoir, chaos, mort(s)… tout y est pour un final grandiose ! On ne pourra plus dire que Disney cherche à édulcorer les films Star Wars pour attirer les enfants.
Une musique digne de la fin grandiose de Rogue One
Et Dark Vador me direz-vous ? On l’avait vu plus tôt dans le film, menaçant envers le directeur Orson Krennic ; on le retrouve à la fin de la bataille, à la poursuite des rebelles ayant récupéré les fameux plans de l’arme impériale. Il se présente alors plus diabolique et déchaîné que jamais dans une scène déjà culte.
Dans le vaisseau rebelle qui parvient toutefois à échapper aux griffes de Vador, le Tantive IV, bien connu par les fans, on retrouve un personnage familier pour la conclusion du film : la princesse Leia. Si Carrie Fisher (reposez en paix princesse…) n’avait évidemment plus le visage de ses 20 ans au moment du tournage et ne pouvait donc reprendre son rôle, les équipes de post-production ont recréé le visage de l’actrice par images de synthèses afin qu’il soit identique (ou en tous cas très ressemblant) à ce qu’il était en 1977. Une méthode appliquée pour un autre personnage du film, le Grand Moff Tarkin, joué à l’origine par l’acteur anglais Peter Cushing, décédé en 1994 mais bel et bien de retour dans une galaxie lointaine (et les polémiques sur l’éthique de ce procédé ont déjà commencé !).
A gauche, les versions numérisées de la princesse Leia et du Grand Moff Tarkin dans Rogue One, à droite, les personnages originaux dans Star Wars - Un Nouvel Espoir (1977)
La boucle est donc bouclée, et Rogue One s’achève juste avant les événements de l’Episode 4. Le générique peut apparaître, avec pour mon plus grand plaisir le retour (enfin) du thème de John Williams !
Il y a donc du très lourd dans Rogue One, même si j’étais moins euphorique en sortant de la salle qu’après avoir vu l’Episode 7 l’an dernier, plus merveilleux, plus épique, et plus « star warsien » dans mon esprit, même si le dernier acte de ce nouveau film est sensationnel. Rogue One réussit par ailleurs l’exploit d’être un succès à la fois cinématographique et commercial (les records de box-offices internationaux de 2016 tombant les uns après les autres) alors que l’on savait dans les grandes lignes comment le film se terminerait.
Rendez-vous dans un an pour Star Wars Episode 8, et en 2018 pour le prochain spin-off, basé sur la jeunesse de Han Solo !
Alexandre